
Chaque semaine, “Sept à huit life” et “66 minutes” proposent des reportages sur l’existence de rêve des gens riches.Dimanche dernier, deux solutions étaient proposées afin d’en profiter : payer très cher une formation pour vivre la vie de palace ou s’expatrier dans un pays pauvre dont le niveau de vie fera de vous un riche. Au menu : luxe, fesses et volupté.
L’évasion commence avec une « immersion à l’école Ferrières, près de Paris. Les apprentissages sont variés avec une constante, la recherche de l’excellence, développe Harry Roselmack. La formation sur trois ans coûte 54 000 euros. Une source de motivation supplémentaire pour de nombreux élèves qui ont souscrit des prêts étudiants ». Si les universités publiques multipliaient par dix leurs droits d’inscription, leurs étudiants seraient bien plus motivés. « Leur rêve : travailler dans les plus beaux palaces du monde. » Et vivre dans le monde du luxe.
Le reportage débute avec « un cours d’art de l’accueil. Marti, 18 ans, joue le rôle de maître d’hôtel ; ses camarades, les clients », sous l’œil de leur « professeur de bonnes manières. Marti doit appliquer toutes les règles apprises en classe de protocole ». Attention, « rien n’échappe à l’impitoyable professeur Frusetta », qui reproche à son élève d’avoir dit à ses faux clients « veuillez bien me suivre ». « Ça ne va pas. Il faut dire : “Permettez-moi de vous accompagner à votre table.” Voyez la sémantique, la musicalité de la phrase. » Et son exquise obséquiosité. (...)
La professeure initie ses élèves « à la technique de la crêpe, ou comment changer une housse de couette en un temps record sans trop faire d’efforts ». Le reporter s’étonne : « La plupart des élèves veulent diriger, manager, ouvrir leur propre établissement. À quoi ça sert de savoir faire un lit ? – C’est pour savoir guider leur personnel, savoir contrôler le travail de leur personnel. S’ils ne savent pas le faire eux-mêmes, ils ne seront jamais en mesure de dire : “Vous pouvez le faire en tant de temps.” » Et ils ne seront pas en mesure d’exploiter au maximum les femmes de ménage sans-papiers employées par des sociétés sous-traitantes – nombre d’entre elles se sont mises en grève ces dernières années pour protester contre leurs conditions de travail et la faiblesse de leurs salaires. (...)
« Au programme aujourd’hui, épluchage de pomme à la volée, annonce la voix off. Une technique héritée de la Renaissance qui consiste à transformer la simple découpe d’un fruit en un moment de divertissement. La méthode est désuète, mais qu’importe. » « Bien faire quelque chose qui n’a pas de sens, on le vit comme une contrainte, explique le professeur. Sauf que ça fait partie de l’apprentissage de s’habituer à la contrainte, la rigueur, l’ordre. » Et à l’obéissance aveugle.(...)
« L’excellence et la perfection, ça ne s’obtient pas par un clic sur Internet. » Si Internet était le domaine de l’excellence et de la perfection désuètes, ça se saurait.(...)
« Lola a dû souscrire un prêt étudiant de 58 000 euros. Une fois diplômée, elle touchera au minimum un salaire de 1 500 euros nets et devra rembourser 550 euros par mois. » Outre une motivation supplémentaire, ce crédit devrait lui assurer un surcroît de docilité vis-à-vis de ses employeurs.(...)
Après ce film promotionnel pour l’école Ferrières, Sept à huit propose un autre film promotionnel pour le Parc Astérix, à l’occasion de sa réouverture. Redoutant de quitter le monde du luxe pour celui du populo, je zappe sur M6 découvrir la vie « des expatriés français à Mexico. Ils sont vingt mille à y vivre ». Ne les appelez surtout pas « migrants », ce terme est réservé aux étrangers qui viennent nous envahir. (...)
« Mexico est une capitale où l’on vit bien… » Surtout quand on est expatrié. « … au climat toujours égal, 24 degrés toute l’année, où l’on peut savourer les fameux tacos à chaque coin de rue et découvrir sa culture millénaire et exotique. » Quand ce sont les Français qui y migrent, l’étranger est fatalement exotique.(...)
« Et surtout, tout est plus facile pour les entrepreneurs. » Une vraie start-up nation, le Mexique.
« Le Smic est seulement de 4 euros par jour. » C’est génial. « Et puis il y a toujours moyen de s’arranger. » Pour payer moins que le Smic. « Il y a cette flexibilité au niveau des normes qui fait que tout va pouvoir s’adapter, se félicite l’architecte. Cette notion de pouvoir s’adapter, elle est beaucoup plus forte ici. » Alors qu’en France les entrepreneurs sont étranglés par des normes absurdes. « Il y a le côté syndical aussi qui est plus simple, ajoute Carlos, les gens sont beaucoup plus flexibles. » On peut les exploiter sans risquer les prud’hommes, c’est le rêve. (...)