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Tensions et inquiétudes grandissent dans les centres de rétention
Article mis en ligne le 16 avril 2020

Le 27 mars dernier, le Conseil d’Etat a rejeté la demande de fermeture temporaire des centres de rétention en France malgré l’épidémie de coronavirus.

  • Selon les chiffres dévoilés par le ministre de l’Intérieur jeudi 9 avril, 184 personnes restaient retenues dans les CRA, les centres de rétention administrative.
  • Des tensions ont éclaté lors du week-end de Pâques au CRA du Mesnil-Amelot en région parisienne et plusieurs cas de Covid-19 ont été détectés dans le centre de Paris-Vincennes, où 54 ressortissants étrangers faisant l’objet d’une mesure d’éloignement sont encore enfermées.
  • Dans une décision rendue ce mercredi, le tribunal administratif de Paris impose à l’Etat de ne plus placer de nouvelles personnes en rétention au CRA de Vincennes et ce pendant les deux prochaines semaines. Plusieurs organisations continuent de réclamer la fermeture temporaire des CRA.

« Pas de masques, pas de gel, pas de gants ». Depuis sa visite au centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot ce lundi, le député LFI de Seine-Saint-Denis, Eric Coquerel, alerte. (...)

Au centre du Mesnil-Amelot, des heurts ont éclaté lors du week-end de Pâques. Certaines personnes placées en rétention ont refusé de réintégrer les bâtiments, amenant les forces de l’ordre à intervenir. D’autres, retenues à quelques centaines de kilomètres de là, au CRA d’Oissel, près de Rouen, ont entamé une grève de la faim pour dénoncer leurs conditions de vie. Une colère et une inquiétude qui se sont accentuées depuis la détection d’un premier cas positif au Covid-19, jeudi 9 avril, au CRA de Paris-Vincennes.

Selon nos informations, trois cas de coronavirus auraient depuis été recensés dans ce même centre. Une urgence qui a poussé deux organisations de défense des droits des étrangers – le Gisti et l’ADDE – et le Syndicat des avocats de France (SAF) à saisir la justice pour demander la fermeture temporaire de cette structure. Dans une décision rendue ce mercredi, le tribunal administratif de Paris impose à l’Etat de ne plus placer de nouvelles personnes en rétention dans le centre de Vincennes et ce pendant les 14 prochains jours. Les malades testés positifs devront également être évacués du centre et redirigés vers une structure de l’Agence régionale de Santé (ARS). Si la décision ne s’apparente pas à une fermeture pure et simple de l’établissement, il s’agit toutefois de la toute première mesure contraignante pour les autorités concernant les CRA. (...)

la situation suscite quelques craintes chez les policiers mobilisés dans ces centres de rétention. « Les fonctionnaires qui nous accompagnaient, malgré leur devoir de réserve, nous ont dit qu’ils étaient inquiets. Comme partout, ils manquent de protection. Les agents étaient contraints de mettre la main dans leur manche pour ouvrir les portes des locaux », témoigne le député Eric Coquerel. (...)

« Un agent de la PAF (police aux frontières) a été testé positif au Covid-19 et 14 autres agents évoluant au CRA de Vincennes sont confinés chez eux en raison d’une forte suspicion de contamination », ajoute Vincent Souty, l’un des trois avocats à l’origine de la procédure en référé examinée par le tribunal administratif de Paris. Pour autant, la décision de fermer temporairement l’intégralité des centres de rétention n’est toujours pas envisagée par le ministère. (...)

Inquiets des risques accrus de contamination dans ces CRA, plusieurs institutions, dont le Défenseur des Droits, la CNCDH ou la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté appellent depuis un mois à suspendre temporairement les mesures de rétention. (...)

Le ministre a en outre expliqué que plusieurs personnes retenues dans ces centres étaient d’anciens détenus sortants de prison et qu’elles pouvaient représenter un trouble à l’ordre public. (...) Un argument qui pose, selon Cyrille de Billy, secrétaire général de la Cimade, un problème éthique : « Ces sortants de prison ont déjà purgé leur peine ! Les centres de rétention sont complètement détournés de leur objectif initial. Et sous ce prétexte de protection de l’ordre public, on utilise un centre de rétention pour autre chose ». (...)

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