Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
l’Humanité
Terrorisme. Après l’attaque de Rambouillet, la récupération politique
Article mis en ligne le 26 avril 2021

Une fonctionnaire de police a été mortellement poignardée, vendredi, dans un commissariat des Yvelines. Un meurtre qui relance de plus belle l’escalade sécuritaire et l’instrumentalisation à tout va.

(...) Son meurtrier, Jamel G., 36 ans, inconnu des services de renseignements, a été abattu par les tirs d’un brigadier. Le Parquet national antiterroriste (PNA) s’est saisi de l’affaire, plusieurs éléments accréditant la piste du passage à l’acte d’un homme radicalisé en quelques mois depuis l’automne, a indiqué le procureur national antiterroriste, Jean-François Ricard. Celui-ci a toutefois précisé que « si la radicalisation de l’agresseur paraît peu contestable, la présence de certains troubles de personnalité a pu aussi être observée ».

2022 en ligne de mire

« Notre détermination à lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes est plus que jamais intacte », a d’emblée réagi Jean Castex. Cette nouvelle attaque meurtrière a replacé la menace terroriste au sommet de l’agenda politique, alors même que, la semaine dernière, le chef de l’État avait ouvert une séquence sécuritaire, dans une interview au Figaro. Sujet sur lequel Emmanuel Macron se sait attendu en 2022. (...)

Dans ce contexte, l’escalade sécuritaire, déjà amorcée la semaine dernière, s’est tout bonnement envolée, la droite et l’extrême droite ne lésinant pas sur les critiques, jugeant la politique d’Emmanuel Macron « trop laxiste ». Certains n’ont pas hésité longtemps pour faire le lien entre terrorisme et immigration, au regard du profil de l’assaillant : immigré de Tunisie, il était arrivé en France en 2009 et avait été régularisé en 2019. La présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, a ainsi affirmé, dimanche, qu’il fallait « cesser de nier le lien entre terrorisme et immigration, il y a un lien, notamment avec l’immigration la plus récente ». Avant même la saisine du PNA, Marine Le Pen n’avait pas, elle non plus, manqué de condamner « une nouvelle attaque terroriste ».

Une escalade que le porte-parole du gouvernement a tenté de tempérer. Dimanche, Gabriel Attal a déclaré qu’il « refusera toujours de tirer un trait entre immigration et terrorisme », estimant que certains discours à droite « visent à dresser les gens les uns contre les autres ».

Un arsenal juridique suffisant

Il n’empêche que l’exécutif est déterminé à « renforcer » son arsenal sécuritaire. (...)

« Notre réponse, c’est le renforcement des moyens de la justice », a confié au JDD le ministre de l’Intérieur.

Pour autant, est-ce nécessaire ? « La loi et le droit ne sont pas des baguettes magiques qui font disparaître une menace terroriste », a prévenu Nicolas Hervieu, juriste spécialiste du droit des libertés et enseignant à Sciences-Po, invité de France Info. Et de rappeler que, depuis dix à vingt ans, il y a en moyenne une ou deux nouvelles lois sécuritaires par an. « Actuellement, devant le Parlement, il y a la loi sur le “séparatisme”, la loi sur la “sécurité globale”. Donc, on a un arsenal juridique qui est très, très important, aussi bien sur le plan pénal, pour condamner et poursuivre les personnes qui ont commis ces actes, mais aussi, et c’est important, en amont », assure-t-il, pointant un manque de moyens pour rendre les mesures existantes efficaces. (...)