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Totalitarisme, idéologie suprême de la technostructure
vendredi 26 juillet - par Michel Koutouzis
Article mis en ligne le 26 juillet 2013

Je pense à ce député-maire « centriste », et je suggère qu’on lui inflige le supplice destiné au loubard de l’orange mécanique : lui garder les paupières grandes ouvertes et lui projeter des heures et des heures de documents sur les camps d’extermination et autres barbaries nazies.

. Sans grand espoir, tant la politique aujourd’hui n’est plus qu’un magma d’idées reçues, de postures, de petites phrases assassines, bref, des brèves de comptoir à la Wolinski, avec un responsable politique jouant le rôle de la grande gueule éthylisée et des « militants » jouant celui du béni-oui-oui « je ne vous le fais pas dire ». Comment une société peut-elle encore penser, se penser et avancer quand l’ensemble de ce qui y est sensé produire de l’entendement se complaît dans la caricature, s’enrobe d’un charabia répulsif pour dire la complexité ? Quand le monde, selon elle, n’est plus qu’une invasion de bougnouls, de bicots, d’albanais et de roms ; Quand l’autre, qu’il soit ici, en Chine, au Mali ou ailleurs, est forcement à la genèse de tous les problèmes qui apparaissent. Quand la parole, dévaluée jusqu’à l’écœurement, fustige ce que la praxis soutient (les banques) et cajole ce qu’elle détruit (les peuples), dans une exhibition de cynisme jamais égalée. (...)

L’insouciance et le manque d’anticipation ayant définitivement remplacé la démesure, cette maladie de la techné qui a si profondément marqué le XXe siècles et ses horreurs. Désormais, nos banquiers soixante-huitards jouissent de l’instant et de leurs milliards, lançant de temps en temps, comme les précieuses ridicules, leur oups, on s’est trompé, signe annonciateur d’une nouvelle ponction chez les citoyens contribuables par le biais de nos dirigeants - et ce, quelle que soit leur couleur politique -. Car ces derniers, loin de tout esprit volontariste et ne croyant plus à rien, ne font que gérer l’instant, quitte à béatement ouvrir, chaque jour un peu plus, la boite de Pandore. (...)

on ne gouverne plus, on gère. Ils nous gèrent donc, comme des parents prisonniers de produits psychotropes (en substance argent et pouvoir) tout en espérant qu’interdire, sanctionner et circonscrire des enfants turbulents (les citoyens en occurrence) leur laissera pleinement le temps de voguer dans le nirvana de leurs illusions de toute puissance. Ils titubent, essayant désespérément d’apparaître sérieux et irréprochables, pris inlassablement la main dans le sac ou dans l’erreur. Oups, je me suis trompée dit-elle en souriant Mme Lagarde en 2011 et on la nomme illico à la présidence du FMI. Oups, on s’est trompés murmurent les Goldman et Sachs. Et on imprime chaque mois aux Etats-Unis autant de papier dollars que durant l’ensemble de la période du plan Marshall. Oups, on s’est trompés déclare Monsieur Mario Draghi, et les millions de chômeurs grecs espagnols ou portugais semblent soulagés. A tort. Car il faut continuer dans l’erreur, sinon s’en est fini de notre sérieux et des taux bas pour emprunter. Mais à quoi ca sert d’emprunter, puisque, malgré les chômeurs, les boutiques qui ferment, les exportations qui s’effondrent, les écoles et les hôpitaux qui disparaissent la dette augmente ? Rétorque EUROSTAT. Ca sert, répond Mario fort de son expérience à Goldman Sachs, à pouvoir encore et toujours emprunter malgré l’augmentation de la dette, preuve incontestable de notre sérieux. Et puis, si ça foire on pourra toujours dire, une fois n’est pas coutume, oups, on s’est trompé…(...)

De l’art de gouverner, la technostructure au pouvoir n’a retenu que le pire : le but, continue-t-elle a croire, justifie les moyens. Les cohortes de chômeurs se justifient par une sortie du tunnel, dont, précurseur, Giscard d’Estaing « entrevoyait » déjà la sortie. Les technocrates qui nous gouvernent ne s’aperçoivent nullement que comme le dit si justement Bruno Latour, si l’on ne s’aperçoit pas combien l’usage de la technique déplace, traduit, modifie, infléchit, l’intention initiale, c’est tout simplement parce que l’on a changé de but et que, par un glissement de la volonté, on s’est mis à vouloir autre chose que ce qu’on avait désiré au départ.(...)

L’inquisition dans son temps (ou les fondamentalistes aujourd’hui) n’agissait pas autrement. La seule différence résidant au fait que leurs techniques ambitionnaient un au-delà paradisiaque, tandis que pour les gouvernants contemporains elles se justifient par un futur d’ici. (...)