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La quadrature du net
USA, lettre ouverte contre la censure de média anarchistes
Article mis en ligne le 21 septembre 2020

Nous constatons depuis plusieurs années que la différence entre censure d’état et censure privée sur Internet s’efface, les gouvernements encourageant une centralisation toujours plus importante d’Internet entre les mains de quelques géants tel Facebook, Amazon ou Google.

La Quadrature dénonce depuis plusieurs années cette stratégie des états consistant à pousser l’ensemble de la population à utiliser des solutions centralisées pour ensuite pouvoir user de la capacité de censure de celles-ci, comme si elle était sienne, par le biais d’incitations, de loi ou de sous couvert de simple « bonne intelligence ». Ces politiques de modération sont inconstantes, arbitraires et se font à un coût humain important, les personnes employées pour la modération de ces gigantesques plateformes étant exposées à des images et textes traumatisants, peu soutenues psychologiquement et mal payées. Pire : cette réalité, intrinsèque à la taille de ces plateformes, dépassées par leur échelle nécessairement inhumaine, est donc inévitable.

La Quadrature du Net signe aujourd’hui une lettre ouverte reproduite ci-dessous contre un blocage arbitraire par Facebook dirigée contre deux importants média anarchistes anglophones (It’s going down et CrimethInc), nouvelle preuve – si elle était nécessaire ?– de la convergence de la censure sur Internet et appelle les citoyens à continuer à se saisir de solutions de communication décentralisée, chiffrées et libres. (...)

Solidarité avec les médias anarchistes bannis par Facebook

Refusons l’argumentaire de Facebook qui, prétextant l’impartialité, s’aligne sur l’administration du gouvernement Trump pour supprimer les voix de militant·es et de médias associé·es aux mouvements contestataires de gauche. (...)

Dans une déclaration justifiant les fermetures de pages, Facebook a reconnu que ces groupes n’ont aucun rôle dans l’organisation d’actions violentes, mais leur reproche de manière abstraite d’avoir « célébré des actes violents », et d’être « associés à la violence » ou « d’avoir des membres avec des modèles (statistiques) de comportements violents » – une description si large qu’elle pourrait désigner d’innombrables pages pourtant toujours actives sur Facebook. Les éditeur·trices et les auteur·trices anarchistes ciblé·es le sont en définitive en raison de leurs convictions politiques, et non à cause d’une quelconque violence. Si cette décision n’est pas contestée, elle créera un précédent qui sera utilisé encore et encore pour censurer toute parole dissidente.

Dans sa déclaration, Facebook classe les anarchistes dans la catégorie des milices d’extrême droite soutiens de l’administration Trump, liant ainsi deux groupes pourtant fondamentalement différents et opposés. Cela fait écho à la décision du procureur général William Barr de créer une unité opérationnelle du Ministère de la Justice dédiée à la répression des « extrémistes anti-gouvernementaux », qui cible aussi bien les fascistes auto-proclamés que les antifascistes, établissant une fausse équivalence entre les suprémacistes blancs qui orchestrent les attaques et celles et ceux qui s’organisent pour protéger leurs communautés contre ces attaques. (...)

La décision de Facebook s’inscrit dans un schéma qui ira beaucoup plus loin si nous ne réagissons pas. Les lecteur·trices méritent de pouvoir entendre les voix de personnes impliquées dans les mouvements de protestation contre les violences policières et le racisme, y compris des voix controversées. Les auteur·trices et les éditeur·trices ne doivent pas être réprimé·es pour avoir promu la solidarité et l’autodétermination.

Nous vous invitons toutes et tous à vous joindre à nous pour condamner ces blocages et défendre la légitimité des voix des anarchistes en particulier, et des manifestant·es des mouvements sociaux en général.