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Un barrage au Panama - contre les Indiens et pour le profit
Article mis en ligne le 10 février 2014

A Kiad, au Panama, les Indiens Ngäbe se battent contre un projet de barrage destructeur. Il vise à s’intégrer dans un complexe international de production d’énergie au profit d’intérêts privés.

Puisque la firme Genisa a gagné l’appel d’offre, bloquer maintenant le projet mettrait en doute la crédibilité du Panama vis-à-vis des investisseurs, selon Jorge Ricardo Fábrega, le premier ministre panaméen. Pour son gouvernement, le barrage Barro Blanco se situe en-dehors de la réserve et respecte les lois du pays.

Paradis fiscal présidé par le richissime homme d’affaires Ricardo Martinelli, le Panama, il est vrai, a mené une politique particulièrement hospitalière à l’égard des capitaux privés étrangers, souvent aux dépens de sa population. Les manifestations pour défendre le fleuve Tabasara ont systématiquement été réprimées par les forces anti-émeute qui ont tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc sur de maigres foules d’Indiens armés de banderoles. « Deux manifestants ont été tués », dénonce la cacique.

Certes, au sein de la communauté Ngäbe, les jeux de pouvoir politique entre les différentes autorités indigènes sont complexes et les voix n’ont pas toujours été unanimes : un débat existe entre ceux qui prônent un développement économique qui profite aussi aux Indiens et ceux qui privilégient la défense de la nature, l’autonomie et la culture. Clementina Perez est de ces derniers : « Le développement, c’est notre dieu Mama Tata qui le construit et nous invite à le protéger, non pas de le détruire ».

« On nous vend l’idée de générer de l’énergie propre avec des "mini-barrages", mais les projets sont si nombreux qu’on nage en plein délire ! » renchérit l’avocate Yaritza Espinosa. Elle compte parmi les membres d’un réseau national de citoyens panaméens contre ces barrages.

Les mécontents ne sont pas tous Indiens, mais aussi divers que nombreux : riverains expropriés, paysans privés de ressources en eau, élus écoeurés par le peu de retombées pour les municipalités, écologistes inquiets de la somme des impacts environnementaux et de la progression à contre-sens de la finance carbone internationale. (...)