
Le PIB français s’est accru de 1% en volume au premier trimestre, selon l’Insee, et les commentaires étonnés rivalisent de superlatifs. Or ni la consommation des ménages, ni l’investissement des entreprises, souvent cités, ne sont les principaux ressorts de ce sursaut. Pour les trois quarts ou presque, le surcroît de production enregistré cet hiver n’a pas été vendu, mais stocké. Il s’agit notamment des automobiles n’ayant pas trouvé preneurs après la disparition de la prime à la casse.
Le problème, avec les stocks, c’est que les entreprises les constituent pour deux raisons diamétralement opposées. Dans le meilleur des cas, elles accumulent des stocks afin d’être en mesure de fournir une demande en pleine expansion. Mais dans le pire des cas, les entreprises stockent… ce qu’elles n’ont pas réussi à vendre, faute de demande suffisante.
En l’occurrence, nous ne sommes pas dans le bon cas (...)
Une autre curiosité de la conjoncture hivernale invite à la prudence. C’est la hausse de la production manufacturière, +3,4% d’un trimestre à l’autre, soit « la hausse la plus forte de ces trente dernières années », souligne l’Insee. Mais ce rebond est notamment dû à celui de « la production de produits raffinés, après les mouvements sociaux en fin d’année dernière (+24,7 % après -17,6 %). » Bref, sitôt finies les grèves dans les raffineries, celles-ci ont rattrapé leur retard et produit plus de carburants. (...)
Au total, le regain d’activité dans l’industrie n’a pas donné lieu à la moindre création d’emploi, alors que ce secteur en a perdu près de 400.000 depuis cinq ans. Et le PIB en volume n’a toujours pas retrouvé son niveau d’avant la crise.(...)
