
La Salvetat sur Agout, village des Hauts Cantons de l’Hérault, supporte depuis 2015 la propagande néonazie et les intimidations d’un groupuscule d’extrême droite : le « Clan des Brigandes », rebaptisé depuis peu la « Communauté de la rose et de l’épée ». La mairie qui a accueilli à bras ouvert cette communauté persiste à la soutenir par tous les moyens.
La Salvetat sur Agout : diffusion publique d’images, de clips et de textes incitant à la haine raciale
Depuis le samedi 28 septembre, le Clan identitaire des Brigandes diffuse de manière ininterrompue des clips sous-titrés à l’aide de deux écrans placés dans la vitrine de leur local et tournés vers la rue. Ces clips, dont le clan des Brigandes est auteur, interprète et producteur, présentent un caractère xénophobe, raciste, islamophobe, antisémite et homophobe marqué. Ils incitent à la haine, promulguent le thème du « Grand Remplacement », banalisent le salut nazi etc.
Pour nombre d’habitants du village cette opération de propagande ne paraît pas tolérable.
La diffusion de clips dans l’espace public n’est qu’une étape de plus dans l’escalade de provocation que mène la secte des Brigandes depuis 2015, date de son installation sur la commune : le dimanche 18 Août 2019, sur le marché de La Salvetat, « Les Brigandes », renommés depuis peu « Communauté de la Rose et l’Epée », ont encerclé les deux personnes d’une association culturelle, le collectif M, en train de distribuer des tracts. Ils les ont menacés violemment et ont photographié les autres membres de l’association présents sur leur stand. Le manège s’est vu prier d’arrêter sa musique : le « Clan », sous prétexte de promotion de ses CD dont il distribuait en flyer la publicité, souhaitait diffuser publiquement l’une de ses chansons "Foutez le camp" (chanson raciste et islamophobe) ; et il l’a fait à l’aide d’un mini haut parleur portatif. Lors du dimanche suivant, toujours sur le marché, des habitants écœurés ont manifesté contre cette propagande d’extrême droite ; les hommes du "clan" sont alors venus les encercler à nouveau, tous vêtus de tee-shirt noir, certains munis de bâton (voir ci dessous article de France Bleu Hérault). Des affiches « Halte au fascisme de gauche. Non au retour des staliniens » ont également été placardées sur la vitrine de leur local, qui, jouxtant la mairie, semble en faire partie. Ce local est aussi situé juste à l’arrêt de bus « Lavoir » où descendent et attendent collégiens et lycéens durant les périodes scolaires.
L’année précédente, les provocations avaient pris la forme d’un défilé dans les rues du village en compagnie du groupe « Les soldats d’Odin », ces derniers ayant été invités à tenir leur Convention nationale à la Salvetat sur Agout par les Brigandes. (...)
les personnes identifiées par le Clan comme étant opposées à leur idéologie subissent systématiquement menaces verbales et physiques.
Depuis cet été, les Brigandes tiennent de manière régulière des week-ends de conférences identitaires, ce qui non seulement marque leurs intentions en matière de prosélytisme d’extrême droite, mais occasionne sur la commune des rassemblements de groupes identitaires potentiellement violents, et peut faire craindre d’autres agressions.
Cette propagande et ces intimidations font régner une ambiance difficilement supportable pour beaucoup d’habitants du village ; et la récente mise en place de ces écrans ajoute encore au caractère désolant et inquiétant de cette situation. (...)
C’est pourquoi nous demandons à la municipalité de La Salvetat que ces écrans soient rendus immédiatement invisibles de l’espace public.
Lettre aux maires et au Président de la Communauté de communes des Monts de Lacaune et de la Montagne du Haut-Languedoc, copie à la Préfecture de l’Hérault. (...)
Pour soutenir et signer : nonauxbrigandes2019 chez gmail.com (...)
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Une manifestation contre les "Brigandes" à la Salvetat
Les "Brigandes" refont parler d’elles. Six mois après la fermeture de sa chaîne Youtube, le groupe de musique identitaire installé à la Salvetat-sur-Agout a changé de nom. Il se fait désormais appeler la "Communauté de la rose et de l’épée" (...)
Des habitants s’y opposent et ont monté un collectif.
Manifestation tendue
Devant le manège de la place du marché, ils ont disposé des affiches et des banderoles : "_Salvetois, on a honte pour to_i", "Salvetat-sur-Haine", et les images d’un salut nazi tiré d’un clips des Brigandes.
"Ils diffusent une propagande qui est intolérable : raciste, xénophobe, antisémite, justifie Valérie, l’une des membres du collectif, qui espère faire réagir les habitants. Comment on peut vivre sereinement à la Salvetat avec un tel groupuscule qui fait sa propagande sans que la mairie ne dise rien ?". Ils sont une vingtaine à manifester contre la présence sur le marchéde représentants de la communauté de la Rose et de l’épée.
Très vite, ils sont rejoints par une quinzaine de membres de la communauté. Des hommes, habillés tout en noir, accompagnés de quelques chanteuses des "Brigandes". Sur le dos, ils ont scotché un tract "fascisme de gauche". Ils refusent de parler mais jouent de la flûte et du tambour parmi les manifestants.
Les échanges verbaux sont rares, la tension jamais loin. Des gendarmes surveillent les deux rassemblements, qui se termineront finalement dans le calme au bout de deux heures.
Une ville coupée en deux
Dans le village aussi on préfère garder le silence, ou on s’agace de ce nouvel épisode. L’installation des Brigandes en 2015 a déchiré les 1.100 habitants de la Salvetat-sur-Agout. "Ce qui est particulier, c’est qu’ils ne se comportent pas comme des bêtes, qu’ils sont polis et qu’ils paraissent agréables", explique Pierre, un habitant.
Petit-fils de républicains espagnols, ils s’inquiète de la montée en puissance des idées nationalistes et xénophobes dans le village. (...)
Comme les autres membres du collectif, Valérie, dénonce plus globalement l’impunité dont bénéficierait cette "communauté de la rose et de l’épée" à la Salvetat. "Il y a quelques temps, ils ont fait venir un groupuscule néo-nazi affiché avec des tatouages de croix gammées dans le coup, et ils l’ont fait déambuler dans les rues pour intimider....c’est absolument invivable. Il n’y a pas de tolérance possible pour ces idées-là", regrette-t-elle.
Pour lui aussi, les scission dans le village résulte d’un manque de réaction de la part de la mairie rapidement après l’installation du groupe. (...)