
Recrutée comme stagiaire au Département de l’Environnement de San Francisco, Aline, 22 ans, blogueuse écolo, a vécu de l’intérieur la stratégie de cette ville californienne championne du recyclage.
(...) À peine quitté l’aéroport, un, puis deux, puis trois centres de tri s’élèvent sur les bords de la route. Ici, le recyclage est visible, ostensible même, et il est l’affaire de tous. Je rencontre des SDF traînant de gros sacs remplis de bouteilles, canettes et autres emballages ramassés à même le pavé ou dans les poubelles publiques. Contre quelques dollars, les centres de tri privés – nombreux dans la ville – les récupèrent. (...)
Remédier aux négligences des uns permet à d’autres de se payer un repas. Et aux centres de tri de faire tourner leurs affaires. Car une fois triées, les matières recyclables sont revendues : les cartons aux usines d’emballage, les canettes aux usines de… canettes. Sans oublier les 600 tonnes de matériaux organiques transformés en compost, puis vendu aux agriculteurs de la région : la Californie est le premier producteur de vin, de fruits et de légumes des États-Unis. (...)
Le succès de la ville en matière de tri repose notamment sur les Fantastic 3, un trio de poubelles : la verte pour les déchets organiques (épluchures et restes de repas, papier souillé et gobelets en carton), la bleue pour les matériaux recyclables (plastique, papier, métal et verre), la noire pour tout le reste.
Plébiscités dans les quartiers pavillonnaires, les Fantastic 3 gagnent peu à peu les immeubles, jusqu’ici dotés de vide-ordures uniques. Surtout, pour contribuer à financer la collecte et le recyclage, chaque foyer ou entreprise doit s’acquitter d’une taxe. Plus on émet de déchets non recyclables, plus la facture grimpe. C’est le principe de la redevance incitative.
Quatre-vingts pour cent : San Francisco affiche le taux de valorisation de déchets le plus élevé des grandes villes d’Amérique du Nord. Un résultat hors norme quand on sait qu’un Américain produit en moyenne 700 kg de déchets par an. Presque le double d’un Français. (...)
Le succès de la ville en matière de tri repose notamment sur les Fantastic 3, un trio de poubelles : la verte pour les déchets organiques (épluchures et restes de repas, papier souillé et gobelets en carton), la bleue pour les matériaux recyclables (plastique, papier, métal et verre), la noire pour tout le reste.
Plébiscités dans les quartiers pavillonnaires, les Fantastic 3 gagnent peu à peu les immeubles, jusqu’ici dotés de vide-ordures uniques. Surtout, pour contribuer à financer la collecte et le recyclage, chaque foyer ou entreprise doit s’acquitter d’une taxe. Plus on émet de déchets non recyclables, plus la facture grimpe. C’est le principe de la redevance incitative.
Quatre-vingts pour cent : San Francisco affiche le taux de valorisation de déchets le plus élevé des grandes villes d’Amérique du Nord. Un résultat hors norme quand on sait qu’un Américain produit en moyenne 700 kg de déchets par an. Presque le double d’un Français. Je comprends vite pourquoi. Au supermarché, je me retrouve en tête-à-tête avec des produits suremballés. Pour faire mes courses, je préfère flâner dans les nombreux marchés de producteurs et magasins proposant des produits en vrac.
Pour réduire le volume d’emballages pétrochimiques, la ville multiplie les décisions. Depuis 2013, seuls les sacs réutilisables et payants sont autorisés en magasin. En 2017, nouveau coup dur pour le plastique : après l’interdiction de distribuer des bouteilles à usage unique dans les lieux publics, San Francisco interdit la vente d’objets en polystyrène.
Et récemment, la mairie a annoncé de nouvelles consignes de tri pour le plastique souple, désormais recyclable. Son objectif ne varie pas : réduire continuellement la part de déchets qui finissent à la décharge : 444 000 tonnes aujourd’hui contre 700 000 en 2001.
D’ailleurs, la nouvelle attraction de San Francisco se trouve au Pier 96, la jetée au bord de la baie dans le sud-est de la ville, où s’érige le plus vaste centre de tri de la planète. (...)
des capteurs optiques séparent les matériaux en quinze flux différents. Le verre, lui, est recyclé à quelques kilomètres de là, près de Berkeley. Le reste, plastique en tête, est souvent vendu à l’étranger, principalement en Asie.(...)
La participation des entreprises à ce système est cruciale : elles produisent les deux tiers des déchets de la ville. Avec l’équipe « zéro déchet » du département de l’environnement de San Francisco, je vais à la rencontre des PME qui souhaitent réduire leur gaspillage à la source ou qui rencontrent des problèmes liés à la « contamination » des poubelles par des déchets indésirables, ce qui perturbe énormément le recyclage.
Lorsque les éboueurs nous signalent un cas répété, les « serials contaminateurs » sont identifiés et bénéficient de nos conseils sur l’emplacement et l’étiquetage des poubelles. Aux plus réticents, on apprend que non, mélanger les déchets organiques avec les autres ne les empêche pas de sentir mauvais… (...)
Paradoxalement, mon expérience à San Francisco décuple ma motivation… à recycler moins ! J’ai réalisé à quel point ce système est énergivore : collecte en porte-à-porte, transport jusqu’au centre de tri, tri par des dizaines de machines géantes, compactage… Sans compter la suite : voyage à l’autre bout du monde, fonte des matériaux, moulage en billes, transport, fonte et enfin moulage final.
Bien sûr, le recyclage des déchets est préférable à la décharge, mais ne pas en produire reste la meilleure option. À San Francisco, mon mode de vie zéro déchet a pris tout son sens.