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Une ville japonaise rêve de se repeupler en attirant les « réfugiés » fuyant les radiations
Article mis en ligne le 17 mars 2016
dernière modification le 13 mars 2016

Victime du départ de ses jeunes et du vieillissement, Chizu promet à ses nouveaux arrivants un accueil gratuit pendant une semaine, le retour à la nature, des pédagogies innovantes ou une participation à la culture... du chanvre. Avec des résultats modestes pour l’instant.

C’est une ville comme le « Japon de l’envers » en compte beaucoup et qui rappelle à ceux qui ne voient que les lumières de Tokyo que l’archipel est aussi un pays rural, montagneux et vieillissant. La ville de Chizu est située dans la préfecture de Tottori, une région à laquelle la « diagonale du vide » à la française n’a rien a envier côté dynamisme. Un peu plus de 7.700 habitants, nichés au coeur de montagnes de basse altitude et de forêts. Un paysage bucolique, reposant et d’un calme sidéral. Et une population qui décroît lentement, au moins autant à cause du vieillissement que du départ des jeunes qui commencent à devenir une denrée rare de la commune et de la disparition de l’activité sylvicole, ex-poumon économique du secteur.

Bref, tout de la ville où il n’est pas désagréable de s’offrir quelques jours de villégiature, mais dont le pouvoir d’attraction chez les jeunes actifs ou les familles était proche du néant. Du moins, jusqu’au 11 mars 2011. En quelques jours, le Japon subit un tsunami et un accident nucléaire. Une région est ravagée, des maisons détruites et 120.000 personnes déplacées. Certaines ne pourront plus jamais rentrer et doivent brusquement recommencer une vie ailleurs et se remettre du traumatisme. (...)

En guise d’arguments pour garder ces nouveaux venus, la nature, l’éloignement des villes et des centrales nucléaires, mais surtout un projet pédagogique unique pour les enfants : l’école au coeur de la forêt. En gros, une pédagogie plus « libre » et des cours qui se font au milieu des arbres avec un encadrement pour le moins détendu. Une révolution dans un pays qui ne brille pas particulièrement par son attirance pour les pédagogies alternatives. À tel point que l’initiative de « l’école dans la forêt » a même attiré l’attention de la principale chaîne nationale, qui a diffusé un long reportage sur le sujet, ce qui a mis un peu plus en lumière le projet de repeuplement de Chizu.
Projet médiatique

Autre initiative atypique du maire, pour garder cette fois-ci les adultes : relancer la culture... du chanvre. (...)

Mais quid des résultats ? La peur de l’atome, le retour à la nature et la promesse d’une pédagogie innovante pour les enfants sont-elles suffisantes pour enclencher un vrai mouvement de retour à la campagne ? Interrogée sur le nombre exact de familles venues s’installer en ville, la municipalité nous avance que cinq, pour un total de dix-sept personnes, sont arrivées –et restées !– depuis la catastrophe. On est donc loin de l’afflux de réfugiés.

Des résultats peut-être décevants mais qui ont permis à la commune de prendre en charge efficacement les arrivants et de ne pas saturer ses modestes capacité d’accueil scolaire. Mais un chiffre qui remet en cause le projet de repeupler les villes en déclin du Japon en leur promettant la protection loin des risques de type Fukushima, malgré la médiatisation nationale. Les jeunes ménages japonais ont encore plus peur de la désertification rurale que de l’accident nucléaire.