
La pandémie, en révélant les failles du fonctionnement néolibéral de notre société, a ouvert la voie aux appels et propositions pour un « monde d’après » différent. Les initiatives, issues des associations, des syndicats ou des partis politiques, se multiplient. Mobilité, agriculture, urgence sociale, éducation, santé, financement, Reporterre a recensé une partie des propositions récentes.
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Le 16 mars dernier, Emmanuel Macron affirmait solennellement que « le jour d’après ne [serait] pas un retour au jour d’avant ». Le président s’en mordrait-il les doigts ? Car si le gouvernement semble bien décidé à privilégier le sauvetage des entreprises, associations, syndicats et partis l’ont pris au mot. Depuis quelque temps déjà se multiplient les appels et les propositions pour le « monde d’après ».
Rien que la semaine du 4 mai, pas moins de six initiatives ont vu le jour, portées par des ONG, des laboratoires d’idée (think tanks) ou des organisations politiques. Sans oublier l’offensive médiatique de Nicolas Hulot, le 6 mai, qui a déployé ses « 100 principes pour créer un élan collectif ». Dernier en date, un recueil illustré intitulé Et si… ?, porté par Alternatiba, esquisse « ce à quoi pourrait ressembler le monde de demain si était mise en œuvre la métamorphose écologique et sociale de nos territoires ».
Un foisonnement d’initiatives tous azimuts… (...)
La pandémie a mis un pied dans la porte du néolibéralisme, il s’agit désormais de l’ouvrir en grand. (...)
Mais quel « monde d’après » nous dessine-t-on au juste ? Reporterre présente quelques-unes des mesures annoncées dans le « bouillonnement » de la semaine dernière. (...)
Jour après jour, la société civile organisée esquisse donc un ambitieux programme de transformation écologique et sociale. La liste des propositions s’allonge, sans pourtant que les classes dirigeantes ne montrent d’empressement à se les approprier. (...)
Mais comment agir dans une société régie par un nouveau paradigme de mise à distance physique ? Rassemblements, manifestations, désobéissance civile… le répertoire d’actions des mouvements sociaux est actuellement réduit à peau de chagrin. « On peut construire une mobilisation forte en ligne, un peu sur le modèle de l’Affaire du siècle [Lancée fin 2018, la pétition contre « l’inaction climatique de l’État » avait recueilli plus de deux millions de signatures], pense M. Rousselet. Cette communauté de signataires peut ensuite solliciter, interpeller les élus et décideurs. Il faut montrer qu’on est là et que ça ne se fera pas sans nous. »
« Le gouvernement ne bouge que sous la pression, affirme aussi Eva Sas, porte-parole d’EELV. Multiplier les propositions, montrer que l’on peut faire autrement, c’est notre manière de mettre la pression, de pousser à une prise de conscience. » Julien Bayou se montre moins optimiste, arguant qu’« il existe peu de raison d’imaginer que le gouvernement prenne la mesure des changements », tout en défendant la démarche : « Ce n’est pas parce qu’on n’est pas entendus qu’il faut s’arrêter de hurler, dit-il. Il y a une attente phénoménale, un besoin énorme de justice sociale et d’écologie. (...)