Il a 26 ans. Il coud depuis l’âge de 9 ans. Il est exilé politique de la Guinée Conakry, et il est en attente d’une régularisation. Il vient de réaliser 70 masques pour les Restos du cœur et il n’arrêtera plus jusqu’à la fin du confinement.
« Il faut s’aider, il faut absolument s’aider, qui que l’on soit. Moi j’ai décidé de faire des masques puisque je sais coudre. Ils sont d’abord pour toutes les personnes qui s’occupent de nous et puis je voudrais en donner aux bénévoles des Restos du cœur. C’est terrible ce qui nous tombe dessus. Il faut s’entraider, chacun doit faire ce qu’il peut pour aider ».
Aboubakar a fabriqué 20 masques dans la journée de vendredi 3 avril. Il ne s’arrêtera plus jusqu’à la fin du confinement. Il a trouvé quelques réserves de tissus et une machine à coudre aux Emmaüs. « Il faut du coton assez fin pour que ça ne pèse pas. Il faut ensuite tout repasser pour donner la forme. Je sais faire tout ça ». (...)
En 2018, à 24 ans, il gérait donc une entreprise de dix salariés et de six apprentis. « Et puis j’ai eu des menaces de mort, on a cassé mon magasin. J’ai été obligé de fuir. Je suis d’abord arrivé à Paris. Puis on m’a envoyé en Haute-Saône, il y a un an ».
Après un séjour au centre d’accueil et d’orientation d’Echenoz, aujourd’hui fermé, Aboubakar est hébergé dans un appartement à Vesoul, comme quelques autres migrants, dans l’espoir de pouvoir régulariser sa situation. (...)
Une bénévole de l’ASHAM en contact avec Aboubakar avait vu passer sur Internet les patrons de masques à réaliser soi-même. C’est elle qui lui a suggéré d’utiliser ses talents. Il a réfléchi et un peu retravaillé le modèle d’origine. Depuis, Aboubakar ne lâche plus sa machine à coudre. Il fournira bénévolement toutes les personnes qui en ont besoin. (...)