
Le débat sur les niveaux de vie des territoires n’est pas nouveau. Les banlieues défavorisées, et en particulier les quartiers définis comme « zones urbaines sensibles », sont souvent présentés comme les territoires qui cumulent les difficultés [1]. Selon une thèse qui rencontre un certains succès médiatique [2] ce serait désormais loin de la ville, dans l’espace périurbain et rural que se localiserait la pauvreté. Pourtant, selon les données de l’Insee, l’espace périurbain, même s’il est très loin d’atteindre les niveaux de vie des quartiers aisés de centre-ville, reste, en moyenne, largement favorisé. Les personnes aux revenus les plus faibles vivent en partie dans le monde rural éloigné et vieillissant, mais surtout dans les quartiers d’habitat social.
Les campagnes plus pauvres que les villes
Les campagnes demeurent en moyenne moins riches que les villes. Le niveau de vie médian (après impôts et prestations sociales) de l’espace urbain vaut 19 200 euros annuels pour une personne seule, contre 18 800 euros pour l’espace rural, soit 2 % d’écart (données 2009). Ces moyennes cachent des inégalités selon les territoires : dans près de la moitié des régions (Champagne-Ardenne, Ile-de-France, Haute-Normandie notamment), le niveau de vie des ruraux dépasse celui des urbains, et dans une autre moitié (Aquitaine, Limousin, Midi-Pyrénées par exemple), c’est l’inverse.
Le taux de pauvreté au seuil de 60 % du niveau de vie médian (données 2009) est beaucoup plus élevé en ville. Il y atteint en moyenne 14 %, contre 11,6 % dans les campagnes, soit 20 % de plus. En Ile-de-France le taux de pauvreté des villes est même 2,7 fois supérieur à celui des campagnes. Si la ville est en moyenne plus riche, les écarts y sont beaucoup plus grands que dans le monde rural, et les populations défavorisées bien plus pauvres.
Bien entendu, il existe des inégalités au sein des campagnes (...)
Le bilan
Le monde rural dispose en moyenne de revenus inférieurs, mais les taux de pauvreté y sont moins élevés, sauf dans les campagnes les plus reculées, où persiste une pauvreté d’agriculteurs âgés. L’habitat périurbain est davantage favorisé que le reste du territoire de la ville, dont il a attiré une partie des couches moyennes, notamment des familles. Pour mieux comprendre la disposition des revenus dans l’espace, il est intéressant d’observer la carte des revenus d’un département. Nous avons choisi celle de l’Indre-et-Loire, mais même si les revenus sont inégaux selon les villes, le paysage des revenus offre à peu près partout le même visage [4] : (...)