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Mediapart
Violences au meeting de Zemmour : deux militants d’ultradroite arrêtés
Article mis en ligne le 15 décembre 2021

Deux militants d’ultradroite ont été arrêtés dans le cadre de l’enquête ouverte sur les violences commises au meeting d’Éric Zemmour à Villepinte. Parmi eux, Marc de Cacqueray-Valmenier, présenté comme le chef du groupuscule néonazi Zouaves Paris.

Mardi 14 décembre après-midi, Marc de Cacqueray-Valmenier, souvent présenté comme le chef des Zouaves Paris, a été interpellé à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) par la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) de la préfecture de police. Mercredi matin, un autre militant – un homme de 18 ans – a été arrêté par la BRI à Bonnières-sur-Seine, dans les Yvelines. D’après France Inter, il serait lui aussi un militant des Zouaves.

Tous deux ont été placés en garde à vue pour « violences volontaires aggravées ayant entraîné une ITT inférieure à huit jours », aggravées de deux circonstances (réunion et arme), a indiqué le parquet de Bobigny dans un communiqué. Les enquêteurs doivent déterminer le rôle que ces deux hommes ont joué dans l’agression à coups de poing et à coups de chaise de militants de SOS Racisme qui avaient exhibé des t-shirts « Non au racisme » lors du meeting de Villepinte.

Mediapart et d’autres médias avaient pu identifier Marc de Cacqueray-Valmenier sur les images. (...)

Comme Mediapart l’a relaté, les violences ont été revendiquées le 6 décembre par son groupe, Zouaves Paris, dans un clip diffusé sur Telegram et ironisant sur les coups portés et les blessés, le tout sur fond musical d’une chanson au refrain viral – « Bim, bam, boum ».

Le 12 décembre, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé sur RTL qu’il avait engagé une procédure de dissolution du groupe.

Qui sont les militants des Zouaves Paris ? Mediapart avait enquêté l’année dernière sur ce groupe informel, sa genèse et ses connexions ultraradicales. Le groupe est l’héritier du GUD (Groupe Union Défense), un ancien syndicat étudiant d’extrême droite aux méthodes violentes.

En mai 2017, le GUD s’était métamorphosé en « Bastion social » avec l’objectif de sortir de la marginalité politique en alliant bataille culturelle et action sociale. Ses militants tentaient de soigner leur image grâce à un vernis social, avec le but affiché de « venir en aide aux plus démunis », tout en appliquant la « préférence nationale » et en critiquant « l’immigration de masse ». Si le centre névralgique du Bastion social se trouvait à Lyon, le mouvement, qui s’inspirait des néofascistes italiens de CasaPound, s’était décliné rapidement à travers la France (Chambéry, Strasbourg, Aix-en-Provence, Clermont-Ferrand, Marseille). À Paris en revanche, le basculement du GUD au Bastion social avait échoué. D’une part, parce que le GUD avait éclaté en plusieurs sous-tendances dans la capitale. D’autre part, parce que ses militants restaient attachés au label « GUD », à son histoire tumultueuse et ses actions violentes.

C’est de cet éclatement que sont nés, en 2018, les Zouaves Paris.

Le groupuscule, composé d’éléments radicaux issus du GUD parisien, et, dans une moindre mesure, d’identitaires et de royalistes de l’Action française, voulait maintenir la tradition du coup de poing. Ces trois dernières années, il a multiplié les attaques dans Paris (...)

Le profil des cinq militants est intéressant. Tous sont âgés de vingt et quelques années. Plusieurs travaillent – ou ont travaillé – dans l’immobilier. Quatre vivent chez leurs parents ; quatre sont issus de milieux favorisés. Seul l’un d’eux est issu d’un milieu modeste et suit une formation en alternance pour devenir soudeur après avoir enchaîné des petits boulots, notamment dans le bâtiment. Certains ont déjà été condamnés pour port d’armes.

Marc de Cacqueray-Valmenier est considéré comme le meneur du groupe, même si les Zouaves Paris n’ont pas de hiérarchie claire. Âgé de 23 ans, le militant – qui emprunte le pseudonyme de « Marc Hassin » – a déjà participé à de multiples actions des Zouaves et est connu des services de police. Il a été condamné à six mois de prison avec sursis en janvier 2019 pour des violences commises en marge d’une manifestation des gilets jaunes, le 1er décembre 2018. Dix mois de prison ont également été requis contre lui au procès de l’attaque du bar antifasciste, en juin 2020. Lui aussi vit chez ses parents, lui aussi a travaillé dans l’immobilier. Il suit actuellement une formation en ressources humaines et est à la recherche d’un emploi.

Le jeune homme est issu d’une vieille famille aristocratique et catholique traditionaliste où l’on compte prêtres et militaires. Son père est un ancien de l’Action française ; son oncle fut une figure du mouvement Civitas ; son cousin a milité dans les rangs de La Manif pour tous et fut tête de liste du Rassemblement national aux municipales en 2020, au Mans. Marc de Cacqueray-Valmenier a lui-même rejoint les royalistes de l’Action française en 2016, avant d’en être écarté, le mouvement le trouvant trop remuant. Il s’est alors rapproché d’un autre jeune gudard pour lancer les Zouaves Paris.

Le militant a aussi permis au groupe de développer des connexions internationales. (...)

Mais au-delà de ses déplacements et velléités guerrières à l’étranger, Marc de Cacqueray-Valmenier joue indéniablement un rôle central dans les sphères militantes de l’extrême droite française. Depuis son arrestation, les messages de soutien à son égard se multiplient inlassablement sur les réseaux sociaux de la mouvance. Presque tous lui reconnaissent d’ailleurs sa qualité de « leader » des Zouaves Paris. (...)

Sollicité par Mediapart pour plusieurs de nos enquêtes, Marc de Cacqueray-Valmenier n’a jamais donné suite (...)