Nous, blancs vivants dans une société qui laisse prospérer le racisme, sommes aussi racistes, explique le professeur de philosophie George Yancy. Il ne s’agit pas de se culpabiliser, mais de l’accepter et d’ouvrir les yeux.
(...) « Chère Amérique blanche,
J’ai un message important pour toi. J’aimerais que tu lises cette lettre avec amour, un amour qui exige de regarder à l’intérieur de soi, d’être attentif à tes blessures et tes peurs, comme le disait James Baldwin (ndlr : écrivain noir américain, chez qui la discrimination est un thème récurrent). As-tu bien entendu ? Tu as peut-être lu trop vite, alors je le répète : j’aimerais que tu lises ceci avec amour. En tous cas, que tu essaies. »
George Yancy continue alors d’écrire avec la plus grande empathie, une attention extrême à son lecteur. S’inscrivant dans le sillage de Martin Luther King, il déplore que l’amour soit un sujet trop peu présent dans la sphère publique, où n’ont droit de cité que la revanche, la moquerie, la haine et la discorde.
Cette lettre, continue le professeur, est un cadeau, et doit être reçue comme telle. Même si George Yancy affirme savoir déjà qu’il y aura des lecteurs pour lui « renvoyer le cadeau dans la figure », des voix pour dire qu’il ne sert que ses intérêts, qu’il « accuse faussement les blancs » et qu’il les culpabilise de tout. (...)