
Le dossier d’Aqui ! dont nous commençons la publication répond à une ambition éditoriale qui doit être marquée du sceau de la plus grande humilité. Il s’agit en effet de partir à la découverte d’un mal qui ronge la société française. En Aquitaine et à Bordeaux comme ailleurs. Un mal qui s’étend et dont les formes évoluent mois après mois : la précarité.
Ce mot a trop longtemps été associé et le reste fréquemment à l’image des SDF, ces Sans Domicile Fixe qui occupent le devant de la scène médiatique lorsque la mort rode par temps de grand froid. Cette misère là existe et elle est combattue, non sans difficulté, car ce n’est pas simple de trouver un équilibre entre la liberté individuelle et les réactions d’inquiétudes des citoyens …
Mais la précarité, aujourd’hui, c’est bien plus que quelques images qui donnent mauvaise conscience, l’hiver venu. C’est un monde à lui seul, un autre monde qu’on ne voit pas ou ne veut pas voir. Un univers composite dont le dénominateur commun est la pauvreté, une manière d’exclusion de la vie quotidienne, du moins telle que celle que nous vivons, nous les bien portants ou qui nous croyons comme tels. Une vie qui marche au ralenti parce que l’argent manque, qu’il faut sans cesse arbitrer entre des nécessités vitales, se nourrir ou se chauffer par exemple, invraisemblable dilemme au cœur d’une société que l’on dit développée.
Chaque jour davantage la précarité est multiforme et il devient donc de plus en plus délicat de lui apporter des réponses appropriées. Se loger, se soigner, se faire aider à domicile avec des retraites agricoles de misère … La liste des défis à relever s’allonge.
Encore faut-il les bien connaître pour tenter d’agir efficacement. C’est l’objectif que s’est assignée une association qui vient de naître à Bordeaux. Son nom « les Bruits de la Rue » éclaire d’emblée son ambition : approfondir la connaissance de ce qu’on nomme la précarité et qui recouvre tant de situations (...)