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Wwoofing : quand des « vacances solidaires » virent au cauchemar
Article mis en ligne le 24 juillet 2022
dernière modification le 23 juillet 2022

Des vacanciers qui travaillent dans des fermes en échange du gîte et du couvert. Belle idée, mais... la pratique du wwoofing n’est pas toujours verte. Fausses annonces, exploitation : des sociétés-écrans étrangères ont fait de ces vacances écolos un véritable business.

« Je travaillais sept jours sur sept, parfois jusqu’à 20 heures. Il fallait toujours que j’en fasse plus. » Après sa licence, Isaure rêvait d’un voyage roots, immergée dans une nouvelle culture. Une offre alléchante de wwoofing dans une ferme de chiens de traîneau la séduit. Direction la Laponie suédoise en novembre 2020. Elle a vécu deux mois d’angoisse.

Le wwoofing tire ses origines de la volonté d’encourager le tourisme vert. Le principe : travailler gratuitement dans des fermes en échange du gîte et du couvert, pour des vacances à moindres frais. L’association World Wide Opportunities on Organic Farms (Occasions mondiales dans des fermes biologiques) est née dans les années 1970 au Royaume-Uni, et a donné, un peu malgré elle, son nom au « wwoofing ». (...)

Si Wwoof France opère un contrôle rigoureux des offres, d’autres plateformes, beaucoup plus obscures, profitent de la connotation positive du terme « wwoofing » pour mener un business profitable. Un laxisme qui ouvre la porte à toutes les dérives.

« Le propriétaire agissait comme un gourou » (...)

Un idéal de partage culturel et écologique. Du moins, sur le papier. (...)

Difficile cependant de dénoncer quoique ce soit en ayant été « volontaires », sans aucun contrat établi. Cécile Paturel, coordinatrice chez Wwoof France, dénonce ces entreprises qui détournent le concept : « Workaway et compagnie, ce n’est que du greenwashing, ils proposent d’aller faire du bénévolat en Inde avec des photos attendrissantes, c’est un business des enfants larmoyants. »

Le Code du travail, grand absent des vacances (...)

En France, la législation n’est pas respectée à ce sujet pour la simple et bonne raison que le wwoofing n’a pas de statut juridique. (...)

Ces vacances écolos se justifient alors par le concept du troc. Mais quelles sont les limites de cette notion d’échange ? Isaure, partie dans une ferme de chiens de traîneau en Finlande, les a testées : « Le patron m’envoyait des messages jour et nuit pour me dire ce qu’il fallait que je fasse. » Workaway définit pourtant l’échange comme « quelques heures d’aide offerte en échange du gîte et du couvert ».

Les plateformes pourraient finalement être définies comme de simples sites de mise en relation. (...)

Les wwoofers ont alors besoin d’une responsabilité civile, seule forme d’assurance valable dans ces vacances-travail.

« La terre était bourrée d’arsenic »

En Finlande, Isaure a couru des risques imprévus : « Lors de certaines balades d’entraînement, le patron, malsain, prenait de la vitesse, tentait de me faire tomber du traîneau. On aurait pu se blesser gravement. »

Par peur pour sa santé, Sarah, elle aussi, a dû mettre fin à son « expérience solidaire » plus tôt que prévu. (...)

Le wwoofing reste pourtant un concept louable quand les bonnes plateformes, ici celles rattachées au site originel Wwoof, mettent en relation les bonnes personnes. (...)

Un business des « plateformes mystérieuses »

Les plus sérieux débordements surviennent dans les séjours coordonnés par les sites Workaway et HelpX. Aucun numéro de téléphone disponible. Des sociétés-écrans aux sièges sociaux introuvables. En cas d’annonce trompeuse, personne à contacter ou contre qui se retourner. (...)

Les dérives sont rares chez la plateforme française et les quelques problèmes sont régulés. (...)