
(...) dès le début de l’audience, je n’ai quasiment pas pu m’exprimer sur mes raisons valables d’utiliser le mot « nazi ». Soit-disant c’était « trop politique ». Trop politique ? Ben oui, c’est politique ! Complètement politique ! Je n’ai pas écrit nazi pour rigoler, du moins ce n’était pas ma raison principale. C’était d’abord appeler un chat un chat. Oui, le mouvement Defend Europe mérite, parmi d’autres qualificatifs, celui-là. Oui, parfaitement, je persiste et je signe !
Le parcours nazi de nombreux chefs identitaires n’est pas un secret : même Martin Sellner, l’un des porte-parole de Defend Europe l’a reconnu à plusieurs reprises, sous la pression des médias autrichiens et allemands. Les financements du Klu klux klan et des néonazis américains non plus. Les voyages de soutien d’un porte-parole de Defend Europe à Charlottesville auprès des organisateurs nazis également. La filiation avec les Jeunesses Identitaires dissoutes et auparavant Unité Radicale est avérée. Les fondations idéologiques de cette structure basées essentiellement sur la doctrine de l’ancien SS St-Loup et d’autres nostalgiques du Reich sont irréfutables. L’iconographie et le symbolisme sont parlants en beaucoup de points. Le concept même de Défend Europe n’est que la resucée du vieux Defend Europe anti-bolchévique, anti-juif et anti « races inférieures » des nazis et de leurs alliés collabos dans l’Europe brune (quelques affiches d’époque parmi les pièces jointes). Il s’agit bien, là encore, non pas d’un fascisme national, mais d’un fascisme continental, dont le cœur du projet est de « défendre » toute l’Europe (blanche ou aryenne, fille de Zeus ou d’Odin) face à une menace imaginaire. Bref, mes preuves ne manquent pas. Et avec ça, je vous fais un paquet cadeau ?
Mais ces preuves, je n’ai quasiment pas pu les exposer ou presque, interrompu dès le début et encore deux fois par la suite. Était-ce parce que ce n’était pas nécessaire et que la cour connaissait déjà mes arguments notifiés dans le dossier du premier jugement ? Je ne sais pas. Je l’espère. Mais cela fait tout de même bizarre de ne pas pouvoir se défendre sur l’essentiel. Car l’essentiel est bien politique (...)
Oui, notre but, avec d’autres camarades, c’est de contribuer à dissoudre Génération Identitaire, de protéger les exilé.es, de faire relaxer les autres militants poursuivis, et de répondre à la « peur de l’autre » distillée un peu partout par l’inverse : la raison, l’empathie, l’entraide et la solidarité. Et puis, surtout, ne pas laisser faire !
L’avocat des identitaires — identitaire lui-même — a dit sur un ton volontairement dramatique : « Youlountas n’est pas seulement un animateur de goûter-philo mignons (sic) avec des enfants, c’est… un antifa ! Oui, je vous le dis (en se répétant), c’est UN ANTIFA !!!!! » (effroi dans sa voix et ses yeux exorbités)
Oui, je suis un antifa et tes potes ont raison de me craindre et de craindre tous les antifascistes, car nous ne vous laisserons pas faire. Nous ne vous laisserons jamais faire. Nous ne faisons pas non plus confiance à l’État pour défendre les opprimé-e-s, car il est également l’un de leurs principaux oppresseurs : on ne peut prétendre défendre les opprimés quand les inégalités sociales sont si grandes et les violences quotidiennes si nombreuses dans toutes les phases de l’existence.
C’est pourquoi je ne suis pas seulement antifa, mais également anarchiste, éducateur, auteur et réalisateur : parce que c’est tout un monde qui est à transformer et non pas seulement le fascisme à repousser. Le fascisme n’est que le pire produit du capitalisme et de la société autoritaire. Ce sont donc ces modes de production et d’organisation qu’il faut balayer, et pas seulement le monstre qu’ils enfantent sans cesse. (...)