
L’ancienne zad accueillait ce weekend ses huitièmes Rencontres intergalactiques. Avec le but de favoriser les liens entre des luttes régionales, nationales et internationales, elles s’en prenaient cette année aux « empires ».
Des drapeaux irlandais, palestinien et des forces kurdes syriennes (YPG) prennent le vent en plein milieu d’un champ. À quelques mètres, sous un grand chapiteau blanc, un grand Gwenn ha du, le drapeau breton, est lui aussi déployé. Bienvenue aux huitièmes Rencontres intergalactiques qui se sont tenues du 4 au 6 juillet sur l’ancienne zad de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), où le projet d’aéroport du Grand Ouest a officiellement été abandonné en 2018, après plus d’une décennie de lutte.
Les Rencontres intergalactiques donnent le ton des événements qui se déroulent aujourd’hui sur l’ex-zad. Soit un weekend de rencontres, de réflexions militantes, de fêtes et de balades, sur un lieu ami désormais ouvert au soutien à d’autres luttes. Organisé depuis huit ans, l’événement a cette fois confié une carte blanche pour la programmation au collectif indépendantiste breton Dispac’h, engagé dans des luttes anticapitalistes, féministes, écologistes, antifascistes et internationalistes. (...)
La thématique choisie ? « En finir avec les empires ». L’affiche pastiche d’ailleurs celle d’une saga bien connue qui se passe dans les étoiles... (...)
Ces luttes contre les « empires » sont variées, à l’image de la programmation. Et si elles sont réparties sur différents territoires, elles partagent souvent des points communs. À l’image des membres du réseau Les Peuples veulent, qui illustrent parfaitement le concept de l’internationalisme des luttes, grand mot d’ordre du weekend. Créé en 2019 à partir de la Cantine syrienne de Montreuil (Seine-Saint-Denis), le réseau fédère des collectifs et des personnes du monde entier qui luttent pour l’intérêt des peuples plus que celui des États. Il vient de publier un ouvrage pour décrire son « manifeste internationaliste » : Révolutions de notre temps (La Découverte). (...)
Avec ce réseau et depuis l’ex-zad, l’idée est de s’organiser pour résister à des forces souvent plus grandes, qui voudraient tuer toute opposition. « C’est logique que la zad devienne ce lieu d’accueil des autres luttes, dit Benjamin, du Syndicat de la montagne limousine. Nous faisons face aux mêmes problématiques structurelles, qui dépassent les frontières locales et nationales. »
« Comme ici, les questions d’accès aux terres et de défense de la paysannerie se retrouvent dans toutes les luttes internationales. Cela permet d’en parler sous un autre angle que celui de la géopolitique », commente Pauline Poupin, sociologue et membre des Peuples veulent. (...)
Au cours de ce weekend à l’ambiance bienveillante, les conférences et projections auront aussi mené les participants à réfléchir aux phénomènes d’extraction des mines, à la croisade de « l’empire Bolloré », aux répressions de l’État français en Martinique et contre les Kanaks ou encore au génocide ouïghour. De quoi puiser des forces, pour devenir les rebelles capables de lutter contre les multiples facettes des empires contemporains.
Lire aussi :
– (Editions La Découverte)
Révolutions de notre temps - Manifeste internationaliste
Collectif Les Peuples Veulent
D’un continent à l’autre, depuis nos exils, lors de nos voyages et de nos combats, nous nous sommes rencontré.es.
Dans le fracas des batailles de rue, dans les gestes reproduits d’un pays à l’autre, dans ces mots qui se sont fait écho en de multiples langues, nous nous sommes reconnu.es. Nous avons compris que nous faisions partie d’un combat transnational. Que nous faisions face à des pouvoirs internationalement organisés. Et que, en restant isolé.es les un.es des autres, nous ne pourrions rien. C’est de la rage et de l’amertume de nos défaites, mais aussi du besoin de ne pas en rester là, qu’est né le désir de se connaître et de se lier. Nous avons commencé à créer un réseau de liaisons planétaires avec celles et ceux d’entre nous qui, de premières lignes en assemblées populaires, de grèves féministes en comités de résistance, de ronds-points habités en forêts occupées, se sont découvert une sensibilité commune. Si les avant-gardes d’un autre temps prétendaient marcher un pas en avant des masses, nous savons que nous marchons un pas en arrière des soulèvements populaires des dernières décennies. Nous avons grandi dans leur sillage, ils ont été notre meilleure école. (...)