
New York, vendredi 13 octobre 2023, 15 heures.
En ce moment précis, de l’autre côté de l’Atlantique, le pouvoir macroniste multiplie les entraves aux libertés publiques les plus élémentaires : six jours après l’attaque meurtrière lancée contre Israël par le Hamas, et au cinquième jour d’une riposte israélienne qui a déjà fait plusieurs centaines de victimes civiles à Gaza, les manifestations de soutien à la Palestine sont systématiquement interdites - et de lourdes amendes sont infligées, lorsqu’ils ne sont pas purement et simplement interpellés, aux citoyens qui osent braver cette proscription.
Rien de tel ici, aux États-Unis, où la liberté d’expression reste un principe à peu près structurant, et où plusieurs milliers de personnes, détournant passagèrement le flot continuel des touristes, se rassemblent sur Times Square, à l’angle de Broadway et de la 42ème rue - pour dire haut et fort leur solidarité avec les Palestiniens.
La dispositif policier est conséquent, mais n’exerce aucune pression visible sur les participants, qui brandissent force drapeaux palestiniens et de nombreuses pancartes appelant à « libérer la Palestine » ou rappelant que « la résistance à l’occupation est un droit humain » : on n’ignore évidemment pas de quelles brutalités la police new yorkaise peut être capable en d’autres circonstances, mais le fait est que, pour qui vient de France, où il est devenu si difficile de manifester en paix, cette retenue a quelque chose de presque étonnant – car elle rappelle soudain qu’il existe encore des endroits où le droit de réunion n’est pas systématiquement bafoué.
Le plus frappant, cependant, est sans doute la jeunesse des manifestants, parmi lesquels se comptent notamment des étudiants progressistes de plusieurs universités newyorkaises. Leur présence est tout sauf anecdotique : elle témoigne, dans un pays où le soutien au gouvernement israélien reste majoritaire, d’un engagement qui vient bousculer l’évidence d’une telle adhésion. (...)
Pour ces jeunes américains, donc, il n’est plus question de soutenir inconditionnellement le gouvernement israélien – et cela a notamment des répercussions très concrètes sur les campus étasuniens. (...)
Pour l’heure, évidemment : ces protestations pèsent peu. (...)