
En février 2023, Gérald Darmanin présentait en Conseil des Ministres un projet de loi “Pour contrôler
l’immigration et renforcer l’intégration”, qu’il décrira plus tard comme étant le texte le plus dur depuis ces
30 dernières années.
En effet, ce projet de loi portait de nombreuses dispositions effrayantes :
l’introduction de la double peine, à savoir des procédures administratives d’expulsion, en plus des
condamnations pénales pour les étrangers, des régularisations conditionnées à la participation à des
“métiers en tension” pour les étrangers en situation irrégulière, la réduction des recours pour les déboutés
du droit d’asile ainsi que la délivrance d’une OQTF systématique après un refus.
Mais plus généralement, ce projet de loi exprimait en son essence, un amalgame entre étranger et
délinquant ainsi que la rhétorique de la submersion migratoire, c’est donc le logiciel de l’extrême-droite
qui avait inspiré le Ministre de l’Intérieur lors de la rédaction de ce projet de loi raciste et xénophobe.
Après son passage au Sénat en novembre, le texte est fortement amendé et durci, reprenant des thèmes
phares du Front National, dont la préférence nationale. Suite à la motion de rejet préalable votée par les
députés, le camp présidentiel et les Républicains vont aller plus loin dans l’ignominie pour faire adopter
coûte que coûte cette version de la loi dictée par les idées d’extrême-droite qui contient entre autres :
la déchéance de nationalité pour les binationaux coupables d’homicide volontaire sur personnes
dépositaires de l’autorité publique, l’intégration de quotas migratoires, la préférence nationale pour les
prestations sociales non contributives, la remise en cause du droit du sol, le rétablissement du délit de
séjour irrégulier, le durcissement du regroupement familial, la restriction du droit au séjour des "étrangers malades »
La trahison est absolue. Alors qu’Emmanuel Macron a été élu à deux reprises à la suite d’un barrage
républicain à l’extrême droite et ses idées, il a intégré une partie de son programme dans un texte législatif
issu de sa majorité.
Aujourd’hui, les étrangers, les immigrés et leurs enfants, dans une confusion totale, sont jetés en pâture à la
vindicte populaire, comme les bouc-émissaires, responsables d’une société violente contre les précaires, les
femmes, les habitants des quartiers populaires.
Alors même que ce sont pour une grande partie des immigrés qui effectuaient des tâches essentielles durant
la crise sanitaire. Ces discours sont le résultat d’un passé colonial mal digéré, avec des sociétés notamment
africaines avec qui nous partageons un passé dont nous avons honte, que nous n’arrivons pas à assumer.
Cette rhétorique amène à des préjugés racistes sur le grand remplacement, ou l’amalgame entre délinquants
et étrangers.
Pourtant, alors que l’inflation est à des niveaux record, que les services publics, l’école et les hôpitaux sont
au plus mal, le camp présidentiel participe à jeter l’opprobre sur les étrangers, sans assumer que ce sont ces
propres politiques libérales et antisociales qui sont responsables de la misère dans le pays.
Pendant ce temps, beaucoup d’étrangers en situation irrégulière, vivant dans la rue, effectuant des tâches
ingrates, subissant des discriminations raciales et xénophobes sont encore une fois pointés du doigt, sans
solution face au drame des conditions d’accueil des étrangers en France.
Alors nous appelons à la mobilisation contre le projet de loi immigration, pour l’égalité des droits et
la régularisation des sans papiers, contre l’extrême-droite et ses idées.
MAJ : Myriam Eckert - Conseillère Municipale pour le collectif Bordeaux En Luttes
Bordeaux En Luttes était aussi signataire 🙂
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