
Le président argentin d’extrême droite, Javier Milei, a lancé une offensive contre le « négoce » de la pauvreté. En initiant des perquisitions et actions en justice, il cherche à endiguer les présumées « extorsions » de l’aide sociale par des « piqueteros » de gauche (mouvements sociaux), et des soupes populaires « fantômes », alors que la pauvreté explose dans le pays.
À Buenos Aires, lundi 13 mai au matin la police fédérale argentine a toqué à la porte de plusieurs organisations sociales dans le cadre d’une enquête pour « extorsion et coercition de bénéficiaires de plans sociaux », selon le ministère de la Sécurité.
Au total, près de trente perquisitions d’ordinateurs, d’argent, et de téléphones ont eu lieu dans différents sièges de mouvements sociaux, de cantines communautaires, ou même aux domiciles des membres d’organisations opposés à Javier Milei. Une fois de plus, le président autorevendiqué « anarcho capitaliste » qui a déjà tronçonné l’aide publique, s’en prend à la solidarité par la répression. (...)
Les organisations sociales perquisitionnées et menacées
« Il y a trente compagnons de plus perquisitionnés dans leur domicile personnel, ou dans des locaux, cuisines de différentes organisations dans la ville de Buenos Aires », a déclaré Manuel Alonso, référent du FOL (Front d’organisation en lutte), au micro de Radio Con Vos, après avoir été réveillé lundi par la police fédérale pour appartenance à « une organisation criminelle de gauche (red criminal) juste parce qu’on distribue de la marchandise ».
Son téléphone a été embarqué par les policiers fédéraux pour « garder des informations et étudier les messageries, les WhatsApp, les appels téléphoniques ».
« Si c’est une menace de distribuer de la nourriture et bien le Ministère de la Sécurité, le gouvernement de Milei devrait dire que c’est un délit que les gens mangent », s’est insurgé Manuel Alonso, en rappelant que « 60 % de la population n’arrive pas à la moitié du mois », dans un contexte d’inflation annuelle qui s’élève à 300 %. (...)
Le média Clarin, monopole de la presse argentine, et le ministère de la Sécurité diffusent depuis plusieurs semaines les adresses personnelles de membres de ces organisations sociales, les rendant exposées aux menaces.
Le FOL, ouvertement opposé à Milei, et d’autres mouvements de gauche anti-Milei, ont ainsi dénoncé une « persécution de la protestation sociale », et la volonté du gouvernement argentin de « salir et criminaliser » les organisations sociales.
La « politisation » de l’aide sociale dérange Milei (...)
La ministre du Capital humain, Sandra Pettovello, a déposé une plainte contre le précédent gouvernement péroniste de centre-gauche pour « manquement au devoir et fraude », en établissant que « 47,8 % des soupes populaires inscrites aux registres d’aide alimentaire n’étaient pas identifiables, ou ne fonctionnaient pas comme telles ». Le gouvernement souhaite rendre cette aide « plus transparente », par le biais d’un « audit », dont la première forme s’exprimait par les perquisitions du lundi 13 mai. (...)
Les mouvements de gauche et les syndicats ont ainsi appelé le 9 mai à la deuxième grève générale en cinq mois, contre la « destruction de l’Économie populaire » prévue par le plan d’austérité économique, aux retombées lourdes pour les classes moyennes et basses, du président Milei.