La police chypriote a arrêté 33 personnes après des heurts entre migrants originaires d’Afrique et de Syrie dans le principal centre d’accueil de l’île, ont annoncé mardi les autorités. Le camp héberge actuellement quelque 2 000 exilés dans des conditions précaires.
L’unique centre de réception des migrants à Chypre a été le théâtre de violents affrontements dans la soirée du lundi 6 novembre. Plusieurs dizaines de personnes se sont battues dans le camp de Pournara, près de la capitale Nicosie, pour des raisons encore inconnues, signale la presse locale.
Les combats ont impliqué un groupe d’exilés originaires d’Afrique, principalement du Nigeria, et des Syriens, qui se jetaient des pierres. La police anti-émeutes a été dépêchée dans le camp et a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les migrants impliqués. (...)
Huit exilés ont été blessés dans les heurts, et ont été brièvement admis à l’hôpital de Nicosie. Une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de ces violences.
Le ministère de l’Intérieur a indiqué que les responsables des affrontements seraient expulsés du pays.
Un centre sous le feu des critiques
Des incidents de ce type ont déjà eu lieu par le passé dans ce camp décrit comme un "cauchemar" par ceux qui y vivent. L’an dernier, un incendie avait éclaté dans la structure après des heurts entre migrants de diverses nationalités.
Le camp de Pournara est opérationnel depuis 2019. Seul centre de premier accueil de Chypre, c’est ici, à une quinzaine de kilomètres de la capitale Nicosie, que sont hébergés tous les exilés arrivés illégalement sur le territoire : les Syriens débarqués après une traversée en mer, comme les Africains subsahariens arrivés via le nord de l’île, administrée par la Turquie. (...)
Ce centre, déjà saturé, a doublé sa capacité d’accueil cette année à 2 000 personnes pour faire face à une augmentation notamment d’arrivées de migrants syriens en provenance du Liban depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre.
Depuis fin septembre, les occupants de la structure ont interdiction d’en sortir. En tout cas, "tant que les procédures formelles d’enregistrement nécessaires ne sont pas terminées", selon un communiqué du ministère chypriote de l’Intérieur.
Le centre d’accueil de Pournara est régulièrement sous le feu des critiques. Si officiellement, la durée de séjour à l’intérieur s’étend de 30 à 40 à jours, dans les faits, les migrants y restent "trois mois en moyenne, voire plus", indique un rapport de l’association CyRC, le temps que les autorités finalisent les dossiers d’asile. Des mois de patience qui occasionnent de la surpopulation au sein du centre, une détérioration des conditions de vie, et donc des tensions.