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France24
De Trump à l’UE, l’isolement d’Israël prend de l’ampleur face au drame de Gaza
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza
Article mis en ligne le 22 mai 2025

Prise de distance de l’administration Trump, menaces de sanctions de la France, du Royaume-Uni et du Canada, réexamen de l’accord européen d’association avec Israël... L’isolement diplomatique de l’État hébreu s’accroît à mesure que le drame humanitaire à Gaza empire.

Au sein de l’Union européenne, les questions relatives au Proche-Orient font rarement l’unanimité. Entre les inconditionnels soutiens d’Israël, comme l’Allemagne ou la Hongrie, et les critiques virulents, comme l’Espagne ou l’Irlande, difficile pour l’UE de parler d’une même voix. Mais ce fossé tend à se réduire face à la catastrophe humanitaire en cours dans la bande de Gaza.

L’Union européenne a ainsi annoncé mardi 20 mai qu’elle allait lancer un réexamen de son accord d’association avec Israël, la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, faisant état d’une "forte majorité" d’États membres en faveur de cette mesure. (...)

Au lendemain de l’annonce de l’UE, le président palestinien Mahmoud Abbas a salué mercredi le refus des Européens "des politiques de blocus, de famine, de déplacement et de saisie de terres" imposés à Gaza.

Une question de "crédibilité" pour l’UE (...)

Au cours de la journée de mardi, une série inédite de prises de position fermes de la part des Européens a fait monter d’un cran la pression diplomatique sur Israël. (...)

"La situation humanitaire à Gaza devient intenable", a commenté le président tchèque, dont le pays est pourtant favorable à Israël. Petr Pavel a notamment appelé à faire la différence entre le soutien à Israël et celui apporté au gouvernement Netanyahu.

De son côté, le Royaume-Uni a annoncé suspendre ses négociations pour un accord de libre-échange avec Israël et convoquer l’ambassadrice de l’État hébreu au Royaume-Uni, nouveau signe d’une pression accrue sur le pays.

La veille, le président français Emmanuel Macron et les Premiers ministres britannique Keir Starmer et canadien Mark Carney s’en étaient pris aux "actions scandaleuses" du gouvernement israélien, promettant des sanctions ou encore la reconnaissance d’un État palestinien. (...)

"La crédibilité même de l’action européenne sur le dossier ukrainien dépend de la fin d’un ’deux poids, deux mesures’ qui a souvent été reproché à l’UE sur Gaza. Les gouvernements ne peuvent plus non plus ignorer l’opinion publique, de plus en plus mobilisée par compassion, solidarité mais aussi indignation", décrypte Bertrand Badie, professeur émérite à Sciences Po et auteur de "L’Art de la paix" (éd. Flammarion). "Par ailleurs, les flottements de la diplomatie américaine ont sans doute aussi contribué à libérer la parole des États européens."
Ambiguïtés américaines

Ces dernières semaines, l’administration Trump semble en effet jouer sa propre partition au Proche-Orient, sans se préoccuper des états d’âme de son allié israélien. Reprise des pourparlers sur le nucléaire iranien, louanges adressées au nouveau président syrien, négociations directes avec le Hamas pour faire libérer un otage... Donald Trump n’a également pas jugé bon de rendre visite à Benjamin Netanyahu lors de sa tournée dans le Golfe.

"Même si Donald Trump mène une politique étrangère au Moyen-Orient dissociée d’Israël, il n’y a pas de pression de la part des États-Unis, qui restent l’allié par excellence. (...)

De son côté, Israël se montre toujours aussi inflexible, ne laissant entrer l’aide humanitaire à Gaza qu’au compte-gouttes et renvoyant toutes les critiques sur son action à une forme de soutien déguisé au Hamas. (...)

Une menace pour rien ?

Sur le papier, la menace européenne a de quoi faire réfléchir Israël. L’UE est son premier partenaire commercial, "représentant 32 % du total des échanges de marchandises d’Israël avec le monde en 2024", précise la Commission européenne.

"Il y a toute une série de coopérations, sinon vitales, en tous cas très importantes, notamment en matière satellitaire avec la réalisation du fameux programme Galileo, qui constitue, dans l’intégration d’Israël au sein de la mondialisation, une pièce tout à fait maîtresse", indique Bertrand Badie.

Selon Euractiv, le Service européen pour l’action extérieure (SEAE) pilotera l’examen de l’accord. Si l’analyse conclut à une violation de l’article 2, une suspension pourrait être envisagée. Cependant, aucun calendrier officiel n’a encore été communiqué.

Une suspension effective reste toutefois improbable, car elle nécessiterait l’unanimité des Vingt-Sept et, malgré les fissures apparues dans le soutien à Israël, rien n’indique que des États membres comme l’Allemagne ou la Hongrie soient prêts à franchir ce cap. (...)

"Une majorité qualifiée [au moins 15 États membres, NDLR] représentant 65 % de la population de l’UE peut toutefois suffire à suspendre le volet commercial de l’accord. Il y a donc une chance qu’une suspension de ce volet commercial entre en vigueur", précise Anne Corpet, chroniqueuse internationale à France 24.

En février 2024, l’Espagne et l’Irlande avaient déjà réclamé la suspension de l’accord UE-Israël, s’interrogeant sur le respect des droits humains dans l’enclave palestinienne. En vain. Il a fallu quinze mois d’attente, un bilan humain qui dépasse les 53 000 morts et une absence totale d’horizon politique à Gaza pour que l’UE envisage de passer à l’action. (...)