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France Culture
Des jeunes très verbalisés
#police #contraventions #racisme #discriminations
Article mis en ligne le 15 juillet 2025
dernière modification le 10 juillet 2025

Dans le 12e arrondissement de Paris, des jeunes racisés et issus des classes populaires cumulent plusieurs milliers d’euros d’amende pour des infractions mineures ou inexistantes. Une dette qui nuit gravement à leur insertion sociale et professionnelle.

Imad a 23 ans. C’est lui qui, dans sa famille, s’occupe des finances. "Je gère les factures, la situation. Et franchement, avec l’argent, c’est pas très facile. J’ai un salaire d’alternant pour faire des études d’éducateur, je gagne entre 1300 et 1500. Mais ce qui est plus dur, c’est de payer les factures parce que des fois elles peuvent grimper."

Imad fait donc particulièrement attention à ses dépenses pour ne pas peser sur sa famille. "Je peux pas pleinement profiter de ma vie. Des fois, à la fin du mois, je peux me restreindre de faire des activités. Je trouve d’autres moyens de pouvoir faire des activités. En traînant avec mes amis par exemple, ça peut soulager, être un moyen de reconnaissance, un moyen de satisfaction. On est entre jeunes."

"On ne peut même pas marcher sereinement dans la rue"

Il fréquente ces mêmes amis depuis l’enfance. "On s’est tous connus en primaire, au collège, on a commencé notre vie ensemble. On est pratiquement comme une famille. On se connaît depuis tout petit. Le fait de sortir, ça nous procure une certaine liberté aussi. On sait qu’on dérange personne. On est entre nous, on peut discuter, on peut rigoler entre nous et partager des bons moments ensemble."

À l’adolescence, vers ses treize ans, Imad remarque qu’il est moins tranquille dans la rue avec ses copains qu’avant. "C’est vrai que les policiers ont commencé à venir nous mettre des amendes. La première fois que j’ai eu un PV, c’était avec mes amis. On sortait du foot. Quand on est sortis, on a vu les policiers. Donc, on a eu un contrôle de police. Ils nous ont mis sur le côté, ils nous ont fouillé."

Imad reçoit deux contraventions. "J’en avais une pour les crachats insalubres et une pour les déchets. 60 euros pour les deux, donc 120 euros. C’est de là que j’ai essayé de le contester, mais malgré mes contestations, c’était plutôt difficile." C’est à partir de ce moment-là que les problèmes commencent pour Imad... (...)

"J’avais plus de 8 000 euros de dette d’amendes majorées" (...)

"Tous ces problèmes qui relèvent des services publics n’étant pas résolus, qu’est-ce qu’on fait ? On envoie la police" (...)

Ces contraventions ne pénalisent pas uniquement les jeunes verbalisés, mais aussi leur famille. (...)

Théophile cherche donc des solutions, à un problème qui, selon lui, serait le résultat dans son quartier d’une gentrification, et en général d’un défaut de service public. "On s’aperçoit qu’il y a un défaut de service public : un défaut de logements sociaux, de salles de sport, de créneaux dans les salles de sport, de moyens pour la prévention de la jeunesse, pour la médiation, pour les loisirs."
Lire aussi :

 Étude à la demande du défenseur des droits : Amendes, évictions, contrôles. Une étude sur la gestion des "indésirables" par la police, Aline Daillère et Magda Boutros, 2025.