Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
France24
En grève, les femmes catholiques "n’acceptent plus d’être invisibles"
#femmes #EgliseCatholique
Article mis en ligne le 13 mars 2025
dernière modification le 11 mars 2025

Des Françaises engagées dans la vie paroissiale ont lancé une grève inédite pour mettre en lumière l’importance de leur rôle au sein de l’Église catholique. Elles dénoncent le manque de reconnaissance de la place des femmes et de leur mise à l’écart des prises de décision à tous les niveaux de l’institution.

Sans elles, aucune paroisse en France ne fonctionnerait. Et pourtant, elles n’ont toujours pas voix au chapitre. Pour la première fois, des femmes catholiques ont décidé de faire grève. Une initiative du Comité de la jupe, né en 2008, les appelle à se mettre en retrait des activités bénévoles qu’elles exercent dans les églises durant toute la période du Carême, qui a débuté le 5 mars, pour demander qu’elles ne soient plus mises de côté dans les décisions essentiellement prises par des hommes dans l’Église catholique.

Cette association, qui se préoccupe de l’égalité homme-femme dans les églises catholiques, relaie une mobilisation internationale de l’association américaine "Women’s Ordination Conference". (...)

Un mouvement qui trouve aussi écho en Inde, en Espagne ou même en Pologne. (...)

Le décalage se creuse entre l’institution et la société, souligne l’historienne Annie Crépin, coprésidente de la Commission d’étude sur la place des femmes dans l’Église et membre du Comité de la jupe. "La société française a bougé depuis une quarantaine d’années, mais pas l’Église catholique où les inégalités subsistent."

"Les femmes catholiques n’acceptent plus d’êtres invisibles" (...)

"Les femmes catholiques n’acceptent plus d’êtres invisibles et de ne pas être consultées dès qu’on en vient à des décisions importantes pouvant influencer la communauté, que ce soit à l’échelle de la paroisse ou de toute l’Église", souligne Baptiste, pour qui l’exemple le plus fragrant est l’élection du souverain pontif. "Le pape est actuellement en mauvaise santé et quand il s’agira de le remplacer, quelques centaines d’hommes vont se rassembler dans une salle. Aucune femme ne sera consultée. Pour nous, c’est vraiment un symptôme du fonctionnement très problématique de l’Église catholique aujourd’hui." (...)

Le mouvement s’adresse aussi aux paroissiens, invités à manifester leur soutien en portant un badge de ralliement ou encore en glissant un mot dans la corbeille au moment de l’aumône.

"La question des femmes provoque des blocages"

L’initiative vise aussi à faire réagir les évêques, avec qui un dialogue officiel n’a jusqu’ici jamais été possible. (...)

Le Comité de la jupe a cartographié les églises jugées "accueillantes pour les femmes". Et il a constaté que deux tiers des paroisses de France n’autorisaient pas les petites filles à être enfant de chœur, bien que le service de l’autel soit devenu accessible aussi aux filles depuis 1962 (concile de Vatican II). Derrière cette interdiction, ce qui dérange "c’est que des filles s’approchent de l’autel", s’inquiète Annie Crépin. "Il y a certainement cette vieille idée inconsciente que les femmes sont impures physiologiquement. Dans certaines paroisses, ce ne sont pas seulement les prêtres qui le demandent, ce sont des laïcs, il faut le reconnaître", regrette-t-elle.

Emergence d’une génération de prêtres "très conservateurs" (...)

Tout comme les recommandations de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase), dans son rapport de 2021 sur les violences sexuelles au sein de l’Église, Annie Crépin estime aussi que la "présence des femmes dans les sphères décisionnelles" devient nécessaire pour empêcher ces abus