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En Guyane, Macron esquive les revendications des peuples amérindiens
#Guyane #Amerindiens #Macron
Article mis en ligne le 31 mars 2024
dernière modification le 29 mars 2024

En 35 heures sur le territoire, le rapport d’Emmanuel Macron avec les peuples autochtones guyanais se sera restreint à une visite touristique. Ni les urgences climatiques, ni la brûlante question foncière n’auront été abordées.

Au détour de son voyage à Camopi, dans le sud-est de la Guyane, Emmanuel Macron a été accueilli par les deux communautés amérindiennes installées dans la région : les Tekos et les Wayãpi. Après quelques échanges autour de la maladie du manioc, qui sévit depuis deux ans dans le bassin amazonien, et une présentation d’artisanat traditionnel, le président de la République a dégusté la boisson traditionnelle amérindienne, le cachiri, une bière de manioc.

Quelques dizaines de minutes après cette immersion express, le chef de l’État rappelait, en marge de ses annonces sur l’orpaillage illégal, que les peuples autochtones de Guyane ayant été « sauvés » font, par leur culture et leurs traditions, « la richesse de la Guyane, de la région amazonienne, et donc de la France ».

Sécheresse et montée des eaux

Au-delà de ce cérémoniel bien rodé, l’Élysée semble pourtant avoir fait peu de cas de ces populations. En 35 heures sur le territoire, les déclarations en lien avec les préoccupations amérindiennes du moment se sont faites rares — entre autres sujets brûlants esquivés, comme l’accès aux services publics et à la santé. Le président n’aura pas eu un mot pour les populations Kali’na du littoral ou pour les Wayana du Haut-Maroni, deux communautés aux avant-postes du dérèglement climatique. (...)

Depuis des années, habitants et scientifiques alertent sur l’impressionnante montée des eaux qui menace Awala Yalimapo, dans l’ouest de la Guyane, avec 50 mètres de côte engloutis par l’océan en vingt ans. Un phénomène largement dû au dérèglement climatique, de même que la sécheresse historique de 2023, qui a entraîné une crise de l’eau dans les villages amérindiens du sud-ouest du territoire. (...)

Surtout, si Emmanuel Macron a bien discuté de la libération du foncier à des fins alimentaires avec des représentants du monde agricole, il n’a pas abordé l’épineuse question de la rétrocession des terres, qui oppose les Amérindiens à l’État depuis les années 1980. En 2017, ce dernier s’était pourtant engagé, dans les Accords de Guyane, à restituer 400 000 hectares de terres aux six peuples amérindiens peuplant le département. (...)

Les concessions et les cessions, qui permettent le transfert de la propriété, restent très demandées, mais rarement accordées. (...)

Lutte contre une centrale électrique

Ces dernières années, la question de la souveraineté foncière des Amérindiens a été au cœur de l’actualité à travers la lutte du village Kali’na de Prospérité contre le projet de Centrale électrique de l’ouest guyanais. (...)

Une actualité brûlante dont ne s’est pas saisie Emmanuel Macron pour s’exprimer sur le dossier et apaiser les tensions, voire clarifier la position de l’État sur la question foncière, qui continue de raviver les traumatismes de la colonisation.