8 000 orpailleurs, 600 sites... L’extraction illégale d’or en Guyane a connu une envolée en 2025. Une catastrophe environnementale et sanitaire que l’État n’arrive pas à contenir faute de coopération avec le voisin surinamais.
La lutte contre l’orpaillage illégal a-t-elle atteint un insatisfaisant plafond de verre ? C’est le sentiment que laisse le dernier bilan de la lutte contre l’orpaillage illégal (LCOI), présenté le 4 décembre par la préfecture de Guyane. Stimulée par un cours de l’or en pleine explosion, avec un gramme qui se vend près de 120 euros, l’extraction informelle d’or, en léger déclin ces dernières années, connaît un important rebond. (...)
Manque de moyens
L’orpaillage illégal se retrouve dans tout le département, y compris à proximité des villes du littoral, mais se concentre dans le sud, sur le territoire théoriquement sanctuarisé du parc amazonien. Entre février et juillet 2025, celui-ci a noté une hausse de 46 % du nombre de chantiers, particulièrement dans le secteur de Maripasoula, dans le Haut-Maroni. Comme Reporterre vous le racontait ici et là, chaque gramme d’or y draine depuis trente ans son lot d’insécurité, de destructions environnementales et de contaminations aux métaux lourds. (...)
Face à cette hydre, le dispositif « Harpie », lancé en 2008 et mobilisant quotidiennement près de 300 militaires sur le terrain, a été présenté comme n’ayant jamais été aussi efficace. De fait, s’ils sont désormais répartis sur plus de sites, les garimpeiros restent moins nombreux qu’en 2017, quand la préfecture en comptait 10 000. Les saisies et les condamnations sont quant à elles inédites, avec 141 orpailleurs écroués en 2025 et un préjudice estimé à 1,5 tonne d’or [1], contre 0,5 tonne en 2023. (...)
Manque de moyens
L’orpaillage illégal se retrouve dans tout le département, y compris à proximité des villes du littoral, mais se concentre dans le sud, sur le territoire théoriquement sanctuarisé du parc amazonien. Entre février et juillet 2025, celui-ci a noté une hausse de 46 % du nombre de chantiers, particulièrement dans le secteur de Maripasoula, dans le Haut-Maroni. Comme Reporterre vous le racontait ici et là, chaque gramme d’or y draine depuis trente ans son lot d’insécurité, de destructions environnementales et de contaminations aux métaux lourds. (...)
Face à cette hydre, le dispositif « Harpie », lancé en 2008 et mobilisant quotidiennement près de 300 militaires sur le terrain, a été présenté comme n’ayant jamais été aussi efficace. De fait, s’ils sont désormais répartis sur plus de sites, les garimpeiros restent moins nombreux qu’en 2017, quand la préfecture en comptait 10 000. Les saisies et les condamnations sont quant à elles inédites, avec 141 orpailleurs écroués en 2025 et un préjudice estimé à 1,5 tonne d’or [1], contre 0,5 tonne en 2023. (...)
La stratégie actuelle privilégiant les actions « coups de poing » fait toutefois l’objet de critiques, tant en interne que d’élus locaux. (...)
Quoi qu’il en soit, dans ce nouveau contexte de prédation, l’opération Harpie atteint « ses limites », de l’aveu même de l’état-major. (...)
Le problème surinamais
Le Suriname fait depuis des années office de base arrière pour tous les réseaux logistiques liés à l’orpaillage mais aussi, vu qu’il n’a aucune exigence sur la traçabilité de l’or, de lessiveuse géante. 75 à 85 % des pépites extraites en Guyane rejoindraient ainsi le marché international via sa capitale, Paramaribo, selon le WWF.
En 2017, Emmanuel Macron avait déjà annoncé vouloir conditionner les relations diplomatiques avec le Suriname à la résolution de l’orpaillage illégal. Huit ans après, contrairement au Brésil avec qui la collaboration avance, Paramaribo ne donne toujours aucun gage de bonne volonté au-delà des déclarations d’intention. La situation politique y est complexe, tant l’orpaillage illégal fait vivre une partie de la population et a infiltré la classe politique — le vice-président du pays mouille notoirement dedans. (...)
Enfin, ce bilan LCOI a aussi été l’occasion pour les pouvoirs publics de soutenir leur nouvelle doctrine, à savoir favoriser l’implantation de la mine légale pour « occuper le terrain » face aux illégaux. Une fausse bonne idée : le 12 novembre, un rapport parlementaire dédié à l’état des cours d’eau en France enfonçait le clou en rappelant que « l’orpaillage, même légal, a des effets destructeurs ».