
À l’occasion de la fin de C8, un « pot de départ » pour Cyril Hanouna et Vincent Bolloré a été organisé par Action Justice Climat le 26 février. Une première victoire contre la « diffusion d’idées climatosceptiques ».
La scène a tout du cauchemar. Nous sommes le 26 février à Boulogne-Billancourt, il est 21 heures et, devant le siège de la Canal+ Factory, une dizaine de Cyril Hanouna et presque autant de Vincent Bolloré se dandinent au son d’une fanfare. Fort heureusement, ce ne sont pas les vrais : derrière ces masques du présentateur de « Touche pas à mon poste ! » — alors en plein tournage à l’intérieur de l’édifice — et du magnat d’extrême droite se trouvent en fait des activistes d’Action Justice Climat (AJC, ex-Alternatiba Paris) venus célébrer… la fin de C8.
Le 19 février dernier, le Conseil d’État a en effet rejeté le dernier recours de la chaîne du groupe Bolloré contre le non-renouvellement de sa fréquence par l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel. En conséquence, à partir du 1er mars, elle cessera d’émettre sur la TNT. (...)
L’ambiance est joyeuse et festive : comme le précise Gaïa, l’arrêt imminent de C8, chaîne regardée chaque jour par 9 millions de téléspectateurs, est une « énorme victoire d’étape face à la propagande mortifère de Hanouna et Bolloré ». (...)
« Nous pouvons nous réjouir de la disparition de C8, lieu privilégié, à l’instar des autres médias détenus par Bolloré, de la propagation de discours racistes, colonialistes, sexistes, LGBTophobes et niant les faits, notamment concernant l’urgence climatique et l’effondrement de la biodiversité », abonde Léa, membre du collectif Scientifiques en rébellion venue participer à l’action. (...)
Un empire tentaculaire
Si le temps est ce soir à la fête, le combat continue, selon la jeune femme : « On le voit avec Donald Trump et Elon Musk aux États-Unis : si l’extrême droite a tant de pouvoir, c’est parce qu’elle est soutenue et financée par des milliardaires. Or, même si l’empire Bolloré a perdu cette semaine un morceau de sa façade, il n’en reste pas moins tentaculaire. »
L’industriel breton, qui a notamment bâti sa fortune sur ses activités logistiques et extractivistes en Afrique et en Asie, est en effet propriétaire du groupe Canal+, du groupe Prisma Media (Géo, Ça m’intéresse, Voici, Capital…), d’Europe 1 ou Le Journal du dimanche. (...)
« Si nous sommes désormais libérés de C8, en revanche, CNews et les autres médias de Bolloré sont eux toujours bien vivants. Il est donc essentiel de défendre un quatrième pouvoir indépendant et pluraliste », développe Gaïa de l’AJC.
Elle apporte d’ailleurs son soutien à l’intersyndicale du groupe Canal+, vent debout contre le plan social annoncé par la direction en décembre (...)
Hanouna, lui, devrait annoncer dès ce jeudi 27 février, à l’occasion d’une émission spéciale, son nouveau point de chute. (...)
Quelques chansons plus tard — « Pas de fachos dans le PAF, mais pour les techos du taff ! » —, des activistes ouvrent une immense carte de vœux adressée à Cyril Hanouna. À l’intérieur, un dessin de l’animateur, assis sur une fusée, avec un gentil petit mot : « Cher Hanouna, on te souhaite bon voyage loin de nos médias. PS : pour une vraie pluralité, le prochain, c’est Bolloré ! » (...)