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Italie : un enfant malien de 8 ans traverse seul le désert et la Méditerranée pour "aller à l’école"
#MNA #enfance #migrants #Mediterranee #sauvetages
Article mis en ligne le 29 mars 2024
dernière modification le 30 mars 2024

Un enfant de huit ans a parcouru seul 7 000 km du Mali jusqu’à l’Italie pour poursuivre sa scolarité. Cet hiver, le garçon a traversé le désert, a été emprisonné en Libye, a pris la mer depuis un canot de fortune et a finalement été secouru en mars en Méditerranée par un navire humanitaire. Arrivé sur le sol italien, il a pu joindre son père, sans nouvelles de lui depuis quatre mois.

Parcourir des milliers de kilomètres dans un seul but : aller à l’école. C’est la terrible histoire d’Oumar, un jeune Malien de huit ans, qui émeut l’Italie. Le garçon a débarqué seul à Ancône lundi 18 mars après avoir été secouru quelques jours plus tôt en Méditerranée par le navire humanitaire Ocean Viking. (...)

Comme le raconte la journaliste italienne Angela Nocioni, présente à bord du bateau de SOS Méditerranée lors de cette rotation, Oumar a parcouru 7 000 kilomètres, traversant le désert et la mer, sans adulte à ses côtés. Avec des mots d’enfant, et sans pouvoir détailler précisément son périple, il a raconté un peu de son parcours invraisemblable pour arriver en Italie. (...)

Enfermé dans l’"enfer" de la prison d’Ain Zara

En fin d’année dernière, le garçon fuit son village du sud-ouest du Mali après une attaque terroriste, explique-t-il. Séparé de sa famille, il continue de marcher à travers le désert du Sahara, précise le journal italien Il Messaggero qui a repris l’histoire.

Il parvient à rejoindre la Libye. "La manière dont il est arrivé en Libye n’est pas clair. Il dit qu’il a travaillé sur le chemin pour avoir de l’argent", témoigne Angela Nocioni à L’Unita.

Dans le pays où les Subsahariens sont la cible de violences, de kidnapping ou encore d’extorsion, l’enfant dort, seul, dans la rue. Il dit avoir été employé comme soudeur et peintre en bâtiment.

Un jour, Oumar entend parler de canots chargés de migrants qui prennent la mer pour tenter de rejoindre les côtes européennes. Il monte dans l’un d’eux. "On ne sait pas si et comment il a payé le passage" (...)

il arrive parfois que certains passeurs ne fassent pas payer le voyage aux exilés blessés, en mauvaise santé, ou très jeunes. (...)

La première tentative du Malien est un échec. Il est intercepté par les garde-côtes libyens, renvoyé dans le pays et transféré à la prison d’Ain Zara, à Tripoli. Ce lieu de détention est décrit par les exilés comme "un enfer". (...)

Dans un rapport sorti en décembre 2023, Médecins sans frontières, qui a eu accès à la prison pendant un an, avait dénoncé des viols, tortures, passages à tabac, asservissement, détournements de médicaments et de soins… C’est dans le centre d’Ain Zara que l’ONG médicale a constaté que les violations des droits de l’Homme ont été "les plus préoccupantes".

Oumar n’échappe pas à ses violences : sa cheville sera fracturée et son corps présente encore aujourd’hui plusieurs cicatrices. Grâce à deux autres migrants qui le cachent dans une poubelle, il parvient à s’évader de la prison.

"Il tremblait" jusqu’à son arrivée sur l’Ocean Viking (...)

La journaliste se souvient de l’opération de secours qui s’est déroulée le 14 mars au large des côtes libyennes : le garçon, déshydraté et blessé, "était le plus rapide de tous. Il a immédiatement compris ce qu’il devait faire, [a aidé] trois autres enfants [à] monter jusqu’au bateau de sauvetage". Lorsqu’Oumar a aperçu au loin un patrouilleur des forces libyennes, "il a baissé la tête, est resté muet et n’a pas bougé. Il tremblait" jusqu’à son arrivée à bord de l’Ocean Viking. (...)

Quand le navire humanitaire a débarqué à Ancône, sur la côte-est de l’Italie, le jeune Malien a été pris en charge dans un centre pour mineurs. Le directeur du lieu, Alessandro Fucili, raconte au Telegraph que le garçon avait mémorisé le numéro de téléphone de son père, resté au Mali. "J’ai donc sorti mon téléphone (…) son père a répondu". Il relate la discussion (traduite par un interprète en bambara) :

 "Je suis désolé papa de ne pas te l’avoir dit. Mais je suis ici, je l’ai fait, lui dit Oumar.

 Où ?, demande son père.

 De l’autre côté… En Europe. Maintenant, je peux aller à l’école papa ?" (...)

Le garçon, "très intelligent et très courageux" comme le décrit Alessandro Fucili, pose chaque matin la même question lorsqu’il voit les autres enfants se préparer : "Est-ce que je vais à l’école ?" (...)

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