La nuit n’est pas encore tout à fait tombée place de la République, ce 20 novembre, quand les Jeunes de Belleville et leurs soutiens sortent les banderoles d’une camionnette blanche, jeudi 20 novembre. « La honte à ce pouvoir qui fait la guerre aux mineurs isolés. » C’est la Journée internationale des droits de l’enfant et ils ont appelé à une manifestation.
Pour la Journée internationale des droits de l’enfant, environ 300 personnes ont manifesté à Paris à l’appel du collectif des Jeunes de Belleville. Encore marqués par l’expulsion violente de la Gaîté lyrique en mars dernier, ils ont dénoncé les violations des droits des mineurs isolés en France.
La nuit n’est pas encore tout à fait tombée place de la République, ce 20 novembre, quand les Jeunes de Belleville et leurs soutiens sortent les banderoles d’une camionnette blanche, jeudi 20 novembre. « La honte à ce pouvoir qui fait la guerre aux mineurs isolés. » C’est la Journée internationale des droits de l’enfant et ils ont appelé à une manifestation.
Parmi les jeunes, Mamadou, 17 ans. Le froid est mordant et son visage disparaît presque dans la capuche de sa doudoune et son cache-cou violet. Malgré l’acte de naissance qu’il avait avec lui quand il est arrivé en France, Mamadou a dû batailler pour être reconnu comme mineur. « Les évaluations des jeunes, c’est de plus en plus compliqué. Et les recours c’est de plus en plus long », souffle-t-il. Il en sait quelque chose. Lors des évaluations, dit-il, on pose des questions auxquelles « tu ne peux pas répondre ». (...)
« Ces procédures, souvent basées sur l’apparence physique ou des examens médicaux peu fiables et menées sans la présence d’un adulte de confiance, d’un tuteur ou d’un avocat ne sont pas suffisamment fiables et ne comportent pas de garanties suffisantes », estime le comité pour les droits de l’enfant de l’ONU dans un rapport d’octobre dernier. L’évaluation de Mamadou s’est soldée par un refus et il a dû passer six mois dans la rue avant que la juge le reconnaisse mineur. (...)
Désormais, il suit un CAP peinture et fait une alternance avec un « patron qui est bien ». Il a aussi un logement. D’autres jeunes dorment à la rue, notamment dans un campement près d’un pont. Et le nombre de ceux qui arrivent chaque semaine ne cesse d’augmenter. Ils seraient entre 200 et 500. (...)
« On se sent de plus en plus rejetés »
« L’année passée, lors de l’occupation de la Gaîté lyrique, on avait espoir, même si c’était difficile », se souvient Mamadou. « Les jeunes avaient un endroit pour se retrouver et s’abriter du froid. Mais depuis l’expulsion, il n’y a plus trop d’espoir. On se sent de plus en plus rejetés par l’État et la mairie. » La banderole en tête de cortège indique : « Mineur.es isolé.es en lutte jusqu’à la victoire ». Les tapeurs accompagnent en battant les tambours. Tous revendiquent le droit au logement, à l’éducation, au transport. (...)
Violations « graves et systématiques » des droits des mineurs isolés
La France est régulièrement pointée du doigt pour ne pas respecter les conventions internationales relatives aux mineurs isolés. (...)
« La France enferme des enfants aux frontières françaises, que ce soit dans les zones d’attente ou des postes de police aux frontières franco-italienne et franco-espagnole » a rappelé l’Anafé, association de défense des droits des personnes étrangères aux frontières. D’après l’association, au 1er semestre 2025, la France a enfermé 282 enfants dans les zones d’attente. Parmi eux, 84 mineurs isolés et 198 mineurs accompagnés. (...)
« On ne peut que lutter »
À la manifestation, les slogans ne faiblissent pas : « Et pierre par pierre et mur par mur, nous détruirons les centres de rétention » ; « Égaux, égales, personne n’est illégal ». Quand le cortège passe à proximité de la Gaîté lyrique, les jeunes crient « on n’oublie pas on ne pardonne pas ». (...)
Le 18 mars dernier, l’intervention violente de la police au petit matin a mis fin à l’occupation du lieu culturel, qui durait depuis plus de trois mois. Les violences commises ce jour-là ont donné lieu à l’ouverture d’une enquête, suite à des signalements à l’IGPN. Au moment de l’expulsion, 25 jeunes ont écopé d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) qu’ils ont ensuite contestée et fait annuler devant le tribunal administratif. (...)
À la fin de la manifestation, quelques prises de parole s’enchaînent. « Aujourd’hui, on a décidé que ces intimidations que ce soit les OQTF, les violences policières, les destructions de campement ne passeraient plus. On ne peut que lutter », lance Blaye, délégué du collectif de Belleville, déterminé.
Plusieurs collectifs de mineurs manifestaient hier dans d’autres villes. (...)