Menacé d’OQTF, le réalisateur tunisien sélectionné aux Césars 2025 a entamé une grève de la faim le 8 novembre. Il occupe depuis une tente devant le Centre national du cinéma et revendique son droit à vivre en France.
le cinéaste, sélectionné aux Césars en 2025 pour son film Les Renaissances, a entamé une grève de la faim il y a plus de trois semaines dans l’espoir d’obtenir un titre de séjour. Pour rendre sa lutte visible, il passe désormais la majeure partie de son temps dans sa tente, installée en face du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), à Paris. Là, un grand drap blanc tagué « réalisateur en grève de la faim pour titre de séjour » interpelle les passants.
Cette action est un dernier levier pour « avoir la main » dans son « rapport de force » avec la préfecture et les institutions. L’homme de 35 ans, venu en France en 2015 pour terminer ses études de cinéma et travailler sur une thèse soutenue fin février 2026, enchaîne les recours depuis qu’il a reçu une obligation de quitter le territoire français (OQTF) en 2019. Mais les rejets se multiplient.
« On me reproche d’avoir travaillé sous le statut d’autoentrepreneur, ce qui est interdit pour les étudiants étrangers », explique Nader Ayache. Chose qu’il ignorait. Dans l’espoir de réparer cette « erreur administrative », il ne cesse, depuis six ans, de fournir à la préfecture des documents qui prouvent son intégration sur le territoire. Attestations rédigées par les producteurs de ses films, avancées de la thèse qu’il rédige… rien n’aboutit. En plus de son OQTF, il est visé par une interdiction de retour sur le territoire français (IRTF). (...)
Depuis 2019, Nader Ayache pense souvent à retourner en Tunisie. Mais en raison de son IRTF, le réalisateur « s’autocondamnerait » à un aller sans retour et à un nouveau déracinement. « Je voudrais avoir la liberté d’aller et venir en France car, désormais, mon cercle social est là. »
Il s’est également marié avec Lucile. Assise à côté de son compagnon, la jeune femme passe des appels et se démène pour que la mobilisation en faveur de son mari prenne de l’ampleur. Leur installation précaire, et une partie de ce qu’elle contient, a été financée grâce à une campagne de dons du collectif Solidarité avec Nader, créé au début de la grève. (...)
Depuis 2019, Nader Ayache pense souvent à retourner en Tunisie. Mais en raison de son IRTF, le réalisateur « s’autocondamnerait » à un aller sans retour et à un nouveau déracinement. « Je voudrais avoir la liberté d’aller et venir en France car, désormais, mon cercle social est là. »
Il s’est également marié avec Lucile. Assise à côté de son compagnon, la jeune femme passe des appels et se démène pour que la mobilisation en faveur de son mari prenne de l’ampleur. Leur installation précaire, et une partie de ce qu’elle contient, a été financée grâce à une campagne de dons du collectif Solidarité avec Nader, créé au début de la grève. (...)
Assmah, amie de l’étudiant, y est particulièrement active. Elle a rencontré le Tunisien à la fac, à Paris-VIII : « Nader est une personne très humaine, qui essaie toujours d’aider les gens, avec une force incroyable, malgré les difficultés qu’il traverse », soutient-elle. Elle décrit un homme solaire. Une qualité dont il ne se départ pas, même après trois semaines de jeûne. (...)
À la faim s’ajoute le froid, qui amenuise également sa force physique et mentale : « J’ai passé un cap depuis les jours de neige à Paris. »
Une grève de la faim soutenue par le CNC
Ces soirs de grand froid, il n’a pas dormi dans l’appartement qu’il partage avec Lucile. En temps normal, sur le campement, il n’a que des couvertures en laine posées aux quatre coins de la tente. Il peut parfois compter sur les bouillottes que lui apportent des employés du CNC. « J’y ai travaillé moi aussi, en tant que lecteur pour les commissions de courts métrages », raconte-t-il.
Ses deux films – la Guerre des centimes (2019) et la Renaissance (2023) – ont été soutenus par l’institution. La semaine dernière, une réunion avec certains de ses représentants a d’ailleurs abouti à la rédaction d’un document qui atteste « de la bonne insertion professionnelle de l’intéressé dans l’industrie cinématographique et audiovisuelle ». Et le 26 novembre, la Scam (Société civile des auteurs multimédia) a adressé un courrier au premier ministre, à la ministre de la Culture, à son homologue de l’Intérieur, ainsi qu’aux présidents des commissions culture du Sénat et de l’Assemblée afin de les alerter sur le sort du cinéaste.