
Les villes organisatrices des JO ont toujours veillé à éloigner les populations jugées indésirables du cœur de la compétition. Paris n’y échappera pas car c’est « hélas gravé dans l’ADN des Jeux », dénoncent des militants canadiens et français.
lIl n’y a aucune raison que Paris fasse exception. Comme lors des précédentes éditions, la capitale française veut présenter au monde entier son image la plus flatteuse à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques qui vont se tenir à l’été prochain. Quitte à opérer un « nettoyage social », selon l’expression des associations d’aide aux personnes précaires, en alerte maximale avant cet événement de masse aux importants enjeux financiers.
C’est ce que craint Paul Alauzy, coordinateur de Médecins du monde et porte-parole du Revers de la médaille, qui réunit quatre-vingts associations et ONG françaises travaillant avec des personnes en situation de précarité, déterminé à dénoncer le côté sombre de la compétition mondiale. Le collectif a invité une délégation venue témoigner de ce qu’a vécu la population de Vancouver (Canada) lors de la préparation des JO d’hiver de 2010. (...)
Plus largement, dans les années qui ont précédé, un processus de « criminalisation » s’était développé dans les quartiers défavorisés. Nathan Crompton raconte que pléthore d’amendes ont été distribuées aux vendeurs à la sauvette. « Ils ont même modifié la loi pour pouvoir verbaliser les personnes qui traversaient en dehors des passages piétons et celles qui étaient dans la rue, qui avaient l’air pauvres ou urinaient dehors. » Plusieurs se sont retrouvées avec des piles d’amendes impossibles à payer.
Enquête indépendante
La mise en œuvre de l’Assistance Shelter Act (ASA) à l’automne 2009 avait fait scandale, et la loi avait même été rebaptisée par ses opposants l’« Olympic Kidnapping Act ». Elle prévoyait qu’en cas de conditions météorologiques extrêmes, les sans-abri pouvaient être conduits avec une « force raisonnable » dans des centres d’hébergement d’urgence.
Les militants comme Nathan Crompton considèrent qu’il s’agissait surtout de « débarrasser les rues des sans-abri ». Car les températures rudes ne sont pas apparues avec les Jeux olympiques, souligne-t-il (...)