Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Libération
Journal d’une Gazaouie : « La douleur d’une mère incapable de nourrir, protéger ou faire le deuil de son enfant fait plus de dégâts que n’importe quelle bombe »
#Israel #Gaza #Cisjordanie#genocide #famine
Article mis en ligne le 16 octobre 2025
dernière modification le 15 octobre 2025

Nour Z. Jarada vit à Gaza depuis toujours. Pour « Libération », cette psychologue de Médecins du monde raconte son quotidien dans l’enclave palestinienne. Quinzième épisode : derrière l’horreur, la maternité à Gaza comme une forme tangible de résilience.

Deux ans se sont écoulés depuis que le ciel s’est ouvert sur nos vies, les scindant irrémédiablement entre un avant et un après. Deux ans de peur constante, de rivières de sang et d’un chagrin inexorable à la perte des êtres aimés. Deux ans de foyers brisés, de corps dispersés, de morts et de disparus. Deux ans de quartiers entiers réduits en poussière. Deux ans de déplacements forcés, de fuites incessantes, de perte d’une patrie autrefois nôtre. Deux ans d’ordres d’évacuation et de prétendues « zones de sécurité » qui n’en ont que le nom. Deux ans à entendre le grondement des drones et des avions de chasse au-dessus de nos têtes, à dormir sur une terre tremblante au milieu de bombardements sans fin.

Deux ans d’une faim perpétuelle qui ronge les estomacs, de regards d’enfants creusés par la peur et la famine. Deux ans de coupures d’eau et d’électricité, d’hôpitaux détruits ou délibérément ciblés, de routes bloquées par la destruction, de marchés vides, d’écoles fermées, de terrains de jeux évaporés ; d’une vie réduite à la simple survie au milieu des ruines. Deux ans à suivre une actualité qui transperce l’âme, à voir des enfants terrifiés aspirer à une vie qui n’existe plus. Je n’aurais jamais imaginé être encore en vie à l’heure actuelle, à pouvoir encore enlacer mes enfants alors que le monde s’effondre autour de nous. J’ai tant perdu et mon cœur saigne en voyant mon peuple et ma ville souffrir. (...)

La douleur des mères

J’ai été confrontée à des situations que je n’aurais jamais pu imaginer : fuir avec mes enfants d’un endroit à un autre, cacher leurs yeux de mes mains pour leur épargner la vue du sang et des corps mutilés, leur apprendre la patience et la résilience sans savoir moi-même comment la supporter. (...)

Des femmes enceintes courent des risques inimaginables, donnent naissance hors des hôpitaux, sans médicaments ou anesthésie. Elles sont nombreuses à subir une césarienne sans analgésique adapté. Le nombre de fausses couches a atteint un niveau alarmant : plus de 300 % au cours de cette guerre. (...)

« Notre école est devenue un cimetière » : le cri d’une mère après un an de guerre à Gaza (...)

J’entends les récits de femmes enceintes donnant naissance dans des tentes surpeuplées, sans nourriture, ni médicaments, ni électricité. Chaque jour, des bébés naissent faibles, souvent trop fragiles pour survivre.

« Piégés dans un cycle infini de peur »

J’ai le cœur serré à l’idée qu’environ 130 enfants naissent chaque jour à Gaza, la plupart dans des tentes ou des abris surchargés, leurs mères affaiblies par la faim, l’épuisement et le traumatisme psychologique. (...)

Maternité, résilience et résistance

Pourtant, au milieu de toute cette horreur, le lien entre mère et enfant subsiste, inébranlable et conquérant. Les mères bercent leurs enfants comme si elles tenaient le futur dans leurs bras, elles murmurent des histoires, des prières et des paroles douces pour apaiser leurs cœurs tremblants. Elles offrent de la chaleur quand les couvertures se font rares, de la protection quand le monde n’en a plus à offrir et du courage quand tous leurs instincts crient au désespoir. La faim, l’épuisement et la peur sont devenus indissociables de la vie quotidienne et pourtant, les mères persévèrent, puisent leur force en prenant soin de leurs enfants et leur apprenant la résilience dans un monde dépourvu de sécurité. Ici, le traumatisme maternel n’est plus une théorie : il est visible dans chaque main qui tremble, chaque regard baigné de larmes, chaque geste d’amour silencieux qui maintient en vie.

Les enfants arrivent dans les cliniques le ventre vide et le regard brisé, cherchant ne serait-ce qu’un seul complément alimentaire (...)

Même en l’absence d’espoir, les mères continuent à préserver la vie, un souffle après l’autre. (...)


Amnesty International
Pétition Génocide à Gaza : la France doit mettre fin à l’impunité d’Israël 

Pétitions citoyennes ➡️ Assemblée Nationale : Demande de sanctions à l’encontre de l’État d’Israël et de ses dirigeants en raison de violations graves du droit international

Pétitions citoyennes ➡️ Assemblée Nationale : GAZA A FAIM : Pour un accès immédiat, sans conditions, à l’aide humanitaire !