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France24/Reuters
L’Assemblée nationale vote de justesse en faveur du budget de la "Sécu"
#AssembleeNationale #Senat #budget #SecuriteSociale
Article mis en ligne le 10 décembre 2025

L’Assemblée nationale a voté, mardi, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, au terme d’un scrutin serré : 247 députés ont voté pour et 234 contre. Le Premier ministre Sébastien Lecornu gagne ainsi son pari dans une Assemblée sans majorité et sans avoir utilisé le 49.3.

Les députés français ont adopté de justesse le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, mardi 9 décembre, ouvrant la voie à l’adoption du texte d’ici la fin de l’année comme espéré par le gouvernement.

Ce vote lève un obstacle majeur dans la discussion budgétaire en cours depuis plusieurs semaines et constitue une première victoire pour le Premier ministre Sébastien Lecornu et sa méthode axée sur le compromis. (...)

Au risque, dans une Assemblée fragmentée depuis la dissolution et les élections législatives anticipées de 2024, de l’impasse budgétaire et d’une éventuelle chute du gouvernement Lecornu II. (...)

Le texte va désormais retourner au Sénat, qui l’examinera en nouvelle lecture à partir de vendredi, avant de revenir à l’Assemblée nationale qui devra statuer définitivement. (...)

Mesure phare du PLFSS, la suspension de la réforme des retraites de 2023 a été réintégrée par les députés lors de l’examen en deuxième lecture, après avoir été supprimée par le Sénat.

Lire aussi :

 Mediapart (8 décembre)
Budget : le Parti socialiste trahit la notion même de compromis

Olivier Faure a annoncé qu’il plaiderait pour que son groupe vote pour le budget de la Sécurité sociale, quittant de facto l’opposition au gouvernement. Un franchissement de seuil qui dénature l’idée même de compromis et réduit le capital de gauche du PS à néant.

C’est un lapsus révélateur dont le premier secrétaire du Parti socialiste (PS) ne s’est pas rendu compte. Interrogé lundi 8 décembre sur ses intentions sur le vote du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), il a déclaré : « Aujourd’hui, la copie est passable et c’est la raison pour laquelle, devant mon groupe, je plaiderai pour que nous votions pour. » Par « passable », Olivier Faure entendait que suffisamment de gestes avaient été faits par le gouvernement de Sébastien Lecornu pour qu’il laisse ses troupes voter en faveur du texte, mardi 9 décembre.

Il eût été plus logique de la part du dirigeant d’un parti de gauche qu’il trouve ce texte « passable » au sens où on l’entend plus généralement, autrement dit tout juste moyen, voire médiocre compte tenu des économies qu’il veut faire sur le dos des plus démuni·es, et qu’il vote donc contre ou s’abstienne. Mais le socialiste a décidé d’ouvrir la voie à un autre monde. De manière inédite, un parti d’opposition pourrait voter pour un texte budgétaire et venir à la rescousse d’un premier ministre adverse, par ailleurs lâché par son propre camp – le patron du parti Les Républicains (LR), Bruno Retailleau, et celui d’Horizons, Édouard Philippe, refusant de soutenir ce budget. (...)

En se privant de l’article 49-3 de la Constitution, Sébastien Lecornu avait donné toutes les cartes au groupe socialiste, devenu central pour lui assurer sa survie et qui disposait donc d’un levier politique incontestable. Que le PS se distingue à ce moment-là du reste de la gauche en prenant les devants de cette nouvelle ère pouvait à la limite s’entendre, même si déjà sa hâte à s’éloigner du programme du Nouveau Front populaire (NFP) sur lequel il avait été élu un an plus tôt pouvait questionner. « Arrêtez avec l’histoire du NFP », s’était d’ailleurs agacé Olivier Faure, interrogé par Le Média le 17 octobre à l’Assemblée.

Mais l’apparente impréparation des dirigeant·es du PS, leur peur bleue d’une nouvelle dissolution, le poids retrouvé du hollandisme en son sein et la tentation d’endosser la stature de « parti de gouvernement » tout en isolant La France insoumise (LFI) se sont conjugués pour que cette stratégie se fracasse sur le vote de mardi. Pour mesurer l’étendue de l’échec, il faut se rappeler le destin des « lignes rouges » que les socialistes avaient fixées au premier ministre en échange de leur non-censure le 14 octobre : elles n’ont cessé de bouger depuis, rendant leur stratégie des plus illisibles et faisant basculer leurs menaces dans le domaine du comique de répétition. (...)

Le PS semble donc volontaire dans la dilapidation du capital de réputation qu’il avait enfin réussi à reconstituer à gauche depuis 2022. (...)

« Il faut donner un budget de la Sécurité sociale aux Français », martèle désormais Olivier Faure, reprenant l’argument éculé du camp présidentiel depuis 2022. S’il pense qu’il y aura une prime à la « responsabilité », l’électorat risque de lui rappeler son manque de colonne vertébrale. Et combien il a révisé à la baisse son ambition première, d’être la gauche au gouvernement.