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Mediapart
L’ombre du RN plane sur des dossiers terroristes
#terrorisme #extremedroite #RN #condamnations
Article mis en ligne le 18 octobre 2025
dernière modification le 13 octobre 2025

Au moins neuf hommes condamnés ou en attente d’un procès dans des affaires de terrorisme d’extrême droite ont exercé des responsabilités au sein du Rassemblement national ou l’ont représenté à des élections locales et nationales. C’est le seul parti politique dans ce cas.

En 2018, l’Action des forces opérationnelles (AFO) est démantelée lors d’une opération de police. Au terme d’une longue information judiciaire, seize membres d’AFO ont été jugés en juin. Mardi 30 septembre, la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris a condamné douze des prévenus pour association de malfaiteurs terroriste à des peines allant de deux ans de prison avec sursis à cinq ans de prison dont trois avec sursis. En détaillant les condamnations, la présidente a pris soin de rappeler que ces hommes et ces femmes étaient animés de « préoccupations xénophobes » qui les avaient conduits à « désigner comme ennemie la communauté musulmane ». (...)

Parmi les projets de celles et ceux qui s’entraînaient au maniement d’explosifs artisanaux : « tuer deux cents imams radicalisés », jeter des grenades dans « la voiture des Arabes » ou empoisonner des aliments halals dans des supermarchés avec du cyanure ou du raticide.

Au cours du procès, Politis avait exposé le passé au Rassemblement national (RN) de plusieurs membres d’AFO. Six mois plus tôt, Mediapart avait déjà révélé le militantisme au RN de trois membres d’une cellule terroriste néonazie. Ils ne sont pas les seuls.

Depuis 2017, on dénombre dix-neuf affaires de terrorisme d’extrême droite, soit déjà jugées, soit toujours en cours d’instruction. Mediapart n’a eu accès qu’à dix de ces procédures judiciaires : notre liste n’est donc pas exhaustive. Mais nous avons déjà retrouvé dans ces dossiers neuf anciens membres du RN : des candidats à des élections législatives, cantonales ou municipales, des responsables de section ou de simples militants. Certains sont mis en examen, d’autres ont été condamnés pour association de malfaiteurs terroriste. (...)

que dire des terroristes, présumés ou condamnés, qui ont été par le passé investis par le parti d’extrême droite ? Bien sûr, ceux qui entendent passer à l’acte ne le font pas sur commande du parti. Mais ces parcours interrogent.

Plusieurs d’entre eux, entendus par la DGSI ou des juges d’instruction, disent n’avoir pas vu de différences entre les discours prononcés au RN puis dans les cellules terroristes qu’ils ont intégrées. Dans un réquisitoire du printemps 2023, le Pnat fait le constat que la « montée en puissance » de la menace terroriste est « la conséquence de l’évolution des rapports de force politiques », précisant que « la centralité des thèses soutenues par l’extrême droite au sein du débat public tend à légitimer celles promues par l’ultradroite »…

Elyamine Settoul, maître de conférences au Conservatoire national des arts et des métiers, décrypte les ressorts de cette radicalisation dans son essai Suprémaciste. Anatomie d’un parcours d’ultradroite (Université Paris-Cité éditions, 2025, 190 pages). (...)