
La France compte cinq ou neuf millions de pauvres, selon la mesure adoptée. La part de la population pauvre a augmenté depuis le milieu des années 2000.
La France compte 5,1 millions de pauvres si l’on fixe le seuil de pauvreté fixé à 50 % du niveau de vie médian [1] et 9,1 millions si l’on utilise le seuil de 60 %, selon les données provisoires 2022 (dernière année disponible) de l’Insee. Dans le premier cas, le taux de pauvreté est de 8,1 % et, dans le second, de 14,4 %. Quel que soit le seuil utilisé, la pauvreté augmente en France depuis le milieu des années 2000.
Pour comprendre l’évolution de la pauvreté, il faut prendre du recul. D’une manière générale, les variations annuelles, pourtant très commentées, n’ont pas beaucoup d’intérêt [2] compte tenu des marges d’erreur de ce type d’enquête. Sur longue période, après une baisse importante dans les années 1970 et 1980, le taux de pauvreté s’est stabilisé jusqu’au milieu des années 2000. Il s’est remis à progresser ensuite. (...)
En proportion de la population, la pauvreté n’explose pas en France. Notre pays est l’un de ceux qui parviennent le moins mal à contenir le phénomène en Europe. En revanche, comme pour les inégalités de revenus en général, la tendance à la baisse s’est retournée : depuis le milieu des années 2000, la pauvreté repart à la hausse. Le seuil de pauvreté est calculé par rapport au niveau de vie médian. La hausse du taux de pauvreté ne veut pas dire que les plus pauvres s’appauvrissent, mais qu’une part croissante de la population la plus modeste s’éloigne du niveau de vie des classes moyennes. La fracture sociale n’est pas seulement le fait de l’enrichissement des plus aisés de notre société, elle se creuse aussi par le bas.
Que s’est-il passé depuis 2022, année des dernières données disponibles de l’Insee ? La baisse du chômage depuis 2015 devrait avoir un impact positif : une partie des personnes pauvres voient leurs revenus augmenter en ayant accès à l’emploi. En même temps, l’inflation menace le pouvoir d’achat. Il est impossible de prédire l’évolution du taux de pauvreté, mais les populations les plus modestes sont aussi celles qui subissent le plus la hausse des prix des produits de base, comme l’alimentation et l’énergie [3]. Beaucoup dépendra des revalorisations de salaires et des prestations sociales. La hausse du smic devrait protéger au moins en partie ceux qui sont au niveau de ce minimum salarial. Des inquiétudes existent quant à la revalorisation des minima sociaux et des allocations [4]. (...)