
A M. Geir Pedersen, envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie
La Syrie se trouve à un stade critique et les récents développements nécessitent une réponse internationale efficace afin d’éviter le chaos et de parvenir à une transition politique globale et durable. Dans ce contexte, nous insistons sur la nécessité de travailler conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui constitue le cadre juridique des Nations unies pour parvenir à une solution politique qui mette fin aux souffrances du peuple syrien et respecte les droits de tous ses membres.
Nous pensons qu’un élément essentiel pour construire une Syrie démocratique et stable est de garantir la participation des femmes syriennes à toutes les étapes d’un processus politique basé sur la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies sur les femmes, la paix et la sécurité.
La Syrie est aujourd’hui confrontée à un certain nombre de défis sérieux, à commencer par l’escalade militaire en cours, en particulier avec les attaques répétées de la Turquie contre le nord de la Syrie, comme nous pouvons le voir à Manbij. Non seulement ces attaques compromettent la sécurité, mais elles déplacent également des milliers de personnes et renforcent l’activité des cellules dormantes d’ISIS, qui représentent une menace locale, régionale et internationale.
Les personnes vivant dans des conditions désastreuses dans des camps de réfugiés au nord d’Alep (Shehba) depuis 2018 suite à l’occupation turque d’Afrin ont été déplacées de force pour la deuxième fois. Ces personnes déplacées, principalement des femmes et des enfants, vivent dans des conditions humanitaires catastrophiques, car l’aide internationale n’est pas encore arrivée et l’Administration autonome démocratique du nord-est de la Syrie fait face seule à ce défi. Les efforts de l’administration autonome et les initiatives communautaires pour faire face à l’aggravation de la crise ne suffisent pas et une intervention internationale rapide est indispensable.
Cette crise est particulièrement dure pour les femmes et les enfants, qui subissent de plein fouet les attaques et les violences. En tant qu’organe international chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales, vous avez la responsabilité de prendre des mesures décisives et immédiates pour contenir la situation et empêcher qu’elle ne se détériore davantage.
Nous vous demandons donc
1. Faire immédiatement pression sur la Turquie pour qu’elle mette fin aux attaques et à l’escalade. (...)
. Nous appelons également à l’ouverture de corridors humanitaires sûrs à Shehba, qui permettront à l’aide humanitaire d’atteindre les personnes touchées et d’assurer la protection des civils piégés dans les zones touchées.
2. Maintenir la sécurité régionale et empêcher le retour des groupes terroristes.
Nous appelons à une action internationale décisive pour empêcher la résurgence de groupes terroristes tels qu’ISIS dans les zones d’escalade. Ces groupes profitent du chaos actuel pour étendre leurs opérations et constituent une grave menace pour la sécurité régionale et internationale.
3. Lancer la solution politique conformément à la résolution 2254.
Veiller à l’accélération des négociations politiques sous la supervision des Nations unies et prévoir des mécanismes clairs pour gérer la transition de manière équitable et durable. Se concentrer sur la protection de l’unité et de la souveraineté de la Syrie et garantir les droits de toutes les composantes ethniques, religieuses et culturelles du pays, ainsi que les droits des femmes.
4. Veiller à l’inclusion des femmes dans la nouvelle constitution syrienne, conformément à la résolution 1325. (...)
5. S’attaquer au problème des personnes déplacées de force et protéger les personnes déplacées.
Apporter un soutien urgent aux personnes déplacées à Afrin et dans d’autres régions et veiller à ce qu’elles retournent en toute sécurité dans leur région d’origine. Fournir une protection internationale pour mettre fin aux violations et assurer la sécurité dans le nord de la Syrie.
6. Augmenter l’aide humanitaire. (...)
Le peuple syrien souffre depuis des années du fléau de la guerre et du conflit, et la paix et la stabilité ne peuvent être obtenues que par une solution politique juste et démocratique qui place l’intérêt du peuple au-dessus de tout et garantit que toutes les composantes, en particulier les femmes, sont impliquées dans l’élaboration de l’avenir du pays ».