
Les Etats-Unis ont approuvé et livré une centaine de ventes d’armes à Israël depuis le 7 octobre, révèle une enquête du Washington Post.
Des milliers de munitions guidées, de bombes de petit diamètre, de bombes anti bunkers, d’armes légères et autres armes létales : une centaine de ventes en toute discrétion ont été approuvées et livrées à Israël par les Etats-Unis depuis le 7 octobre, révèle une enquête du Washington Post.
Chacune de ces 100 transactions, désignées dans le jargon administratif américain comme des "FMS" (Foreign Military Sales), des "ventes militaires à l’étranger" reste en dessous d’un certain montant qui obligerait l’exécutif américain à en informer le Congrès. Autrement dit aucune de ces ventes n’a été soumise au débat public.
Le Washington Post rappelle que déjà, pour les deux grosses ventes d’armes à Israël connues jusque là depuis le 7 octobre, Joe Biden avait réussi à contourner le Congrès américain. (...)
C’était en décembre dernier et pour ces deux ventes, l’administration Biden avait invoqué “des pouvoirs d’urgence” pour contourner l’obligation de consultation du Congrès, en vertu de la loi sur le contrôle des exportations d’armes.
Concernant la centaine de ventes, "c’est une manière extrêmement troublante d’éviter la transparence et la responsabilité sur une question très médiatisée" analyse dans le Guardian Ari Tolany, du Centre de réflexion sur la politique internationale, un think tank américain. La spécialiste ajoute qu’en exploitant cette faille, l’administration Biden suit les traces de son prédécesseur : "Ils empruntent beaucoup au manuel de Trump pour échapper au contrôle du Congrès" selon elle. (...)
Bref : la grande majorité de l’arsenal israélien provient donc des Etats-Unis poursuit le Washington Post. Et on parle là “d’un nombre très élevé de ventes sur une période assez courte" selon Jeremy Konyndyk, ancien haut responsable de l’administration Biden et actuel président de l’ONG Refugees International. De quoi suggérer selon lui que "la campagne militaire israélienne ne pourrait pas se maintenir sans ce niveau de soutien américain”. (...) (...)
Voilà donc tout le paradoxe américain. Car les Etats-Unis ne font pas qu’exprimer des réserves : ils envoient de l’aide humanitaire aussi. Quatre bateaux de l’armée américaine ont quitté hier une base de Virginie avec à leur bord une centaine de soldats et l’équipement nécessaire pour construire un port temporaire à Gaza, tandis que les largages d’aide par plusieurs pays dont les Etats-Unis sur l’enclave palestinienne se multiplient : de l’aide empaquetée, suspendue à des parachutes qui sont censés atterrir sur les plages gazaouies.
"Une mascarade" selon le site libanais Daraj, qui qualifie ces opérations de "théâtrales" et "inhumaines". "Les largages aériens sont coûteux, chaotiques et conduisent généralement à ce que les mauvaises personnes reçoivent l’aide" selon un spécialiste de l’aide humanitaire à la BBC. La chaîne britannique cite un rapport du Programme alimentaire mondial datant de 2021 qui rappelle que ces largages coûtent sept fois plus cher que l’aide acheminée au sol. Ils sont considérés comme un "dernier recours", à utiliser uniquement "lorsque des options plus efficaces échouent".
Or parmi ces fameuses options plus efficaces, certains travailleurs humanitaires comme Scott Paul d’Oxfam America, cité par la BBC, ont bien une petite idée : "Au lieu d’effectuer des largages aériens aveugles sur Gaza, les États-Unis devraient interrompre le flux d’armes à destination d’Israël qui sont utilisées dans des attaques aveugles." (...)