
Selon que l’on naît au Tchad ou au Japon, on peut espérer vivre 53 ans ou 85 ans. En un demi-siècle, l’espérance de vie a augmenté partout dans le monde et les inégalités se sont réduites. Mais l’écart entre populations pauvres et riches reste immense.
Partout dans le monde, l’espérance de vie [1] a considérablement augmenté en 70 ans. Tandis que la génération née au début des années 1950 pouvait espérer vivre seulement 47 ans en moyenne dans le monde, celle née dans les années 2020 pourrait atteindre l’âge de 71 ans, soit près de 25 années supplémentaires, selon les données des Nations unies.
Les évolutions ne sont pas identiques selon les continents. Les progrès les plus importants depuis 1950 sont observés en Asie (30 années d’espérance de vie supplémentaires) et en Afrique (+ 24 années). En Europe, continent qui partait bien sûr d’un niveau plus élevé, les personnes qui naissent aujourd’hui vivront en moyenne 14 ans de plus que celles nées en 1950.
Comme l’épidémie de sida l’avait fait notamment dans le sud de l’Afrique au cours de la décennie 1990, la Covid-19 a provoqué une forte hausse de la mortalité et un recul de l’espérance de vie sur tous les continents. L’Amérique centrale et l’Europe de l’Est en ont subi les conséquences les plus graves, avec un recul de 3,5 années d’espérance de vie entre 2019 et 2021.
Au total, les inégalités d’espérance de vie entre grandes régions du monde se sont réduites (...)
Pour autant, les écarts restent très importants selon le pays où l’on nait. En Europe, l’espérance de vie est aujourd’hui de 77 ans en moyenne, contre 62 années en Afrique. Les dix pays du monde où l’espérance de vie est la plus faible sont tous situés en Afrique subsaharienne. Guerres et épidémies ajoutent leurs effets à des conditions de vie extrêmement dures pour de larges parties de la population. Les bébés des années 2020 ne peuvent compter vivre qu’un peu plus de 53 ans en moyenne au Tchad ou au Nigéria, si les conditions de vie ne s’y améliorent pas. (...)
En haut du classement, les pays les plus riches bénéficient d’une espérance de vie qui dépasse 80 ans. Les principaux facteurs de longévité y sont réunis : sécurité, alimentation suffisante, conditions de travail améliorées, haut niveau des dépenses de santé. L’espérance de vie atteint 85 ans au Japon et en Australie, 83 ans en Espagne ou encore en France. (...)
Les inégalités de longévité s’expliquent par de multiples facteurs qui se cumulent : des modes de vie (accès à l’eau potable et à l’alimentation, conditions de logement, etc.) aux conditions de travail, en passant par l’accès aux soins, en particulier aux vaccins. L’horizon d’une espérance de vie de 75 ans semble désormais accessible à de larges parties du monde. Mais cette convergence ne doit pas faire oublier que les inégalités d’espérance de vie existent aussi à l’intérieur de chaque pays, entre les catégories sociales. Enfin, l’espérance de vie en Afrique subsaharienne, limitée à 60 ans, montre à quel point la pauvreté extrême, les conflits et les épidémies font porter des risques vitaux aux enfants et aux adultes.