En 2015 et 2020, la formation de Bernie Sanders avait bénéficié de ses campagnes pour les élections primaires. Aujourd’hui portée par le candidat à la mairie de New York, elle se présente, un an après l’élection de Donald Trump, comme une alternative à un Parti démocrate décrédibilisé.
(...) Un peu partout dans le pays, des membres des DSA franchissent le pas et partent à l’assaut du Parti démocrate. « Dans beaucoup de pays européens, si vous n’êtes pas d’accord, vous pouvez créer votre propre parti et vous présenter aux élections, et vous avez un système de représentation proportionnelle où, par exemple, les Verts peuvent obtenir 5 % des voix, explique Lyra Spencer, qui copréside depuis l’été dernier la section locale de Chicago des DSA. Vous ne pouvez pas faire ça aux États-Unis. C’est tout simplement impossible. Il n’y a que deux institutions, les démocrates et les républicains. Et pour gagner, vous devez vous présenter sous la bannière de l’un de ces deux partis. Vous ne pouvez pas faire autrement. » (...)
L’exemple le plus éclatant de cet « entrisme » électoral vient évidemment de New York, où Zohran Mamdani a réussi à battre lors des primaires l’ancien gouverneur Andrew Cuomo et semble bien parti pour devenir maire le 4 novembre. Sa campagne galvanise les rangs des DSA et leur apporte de nombreuses adhésions. Le parti approche des 100 000 membres, un niveau qu’il n’avait pas vu depuis plus de quatre ans. C’est l’une des spécificités états-uniennes. Le système des primaires permet à des membres des DSA d’obtenir l’investiture du Parti démocrate.
Lyra Spencer évoque la « bombe Zohran ». « Les gens sont très enthousiastes à l’idée qu’un socialiste démocrate puisse devenir maire de la plus grande ville du pays, l’une des plus importantes sur le plan culturel, mais aussi le siège du capitalisme dans le pays », explique-t-elle après nous avoir donné rendez-vous au café Bourgeois Pig (« cochon de bourgeois »). La plupart des membres actifs ont rejoint sa section l’année dernière après l’élection de Donald Trump. « Cette vague, due à la fois à l’élection de Trump et à la désignation de Zohran, a vraiment renforcé l’énergie et l’enthousiasme des gens », dit Lyra Spencer.
À ses côtés, Sean Duffy, autre coprésident, qui se définit comme non binaire, relève que « deux des plus fortes augmentations du nombre de nos membres ont coïncidé avec l’élection de Trump » en 2016 et 2024. Mais, malgré cette mauvaise nouvelle, l’énergie de la campagne new-yorkaise entraîne quelque chose de positif. (...)
Un « moment décisif »
Depuis sa création en 1982, à la suite d’une fusion entre deux mouvements de gauche, les Socialistes démocrates d’Amérique ont connu des hauts et des bas. Les deux campagnes de Bernie Sanders aux primaires démocrates pour la présidentielle, en 2015 et 2020, leur avaient permis de reprendre du poil de la bête. Aujourd’hui, sous le second mandat de Donald Trump, les DSA vivent de nouveau un « moment décisif », comme l’a souligné un de leurs membres, Todd Chretien, dans un texte publié par Jacobin, en se présentant comme une alternative à gauche face à un Parti démocrate totalement discrédité. (...)
Dans une résolution adoptée à leur dernière convention à Chicago, en août, le parti a adopté une série de positions que ses membres doivent respecter, notamment soutenir le mouvement de boycott, de désinvestissement et de sanctions contre Israël et ne pas fournir une aide matérielle à Israël en votant en faveur d’une législation allant dans ce sens. AOC s’est notamment vu reprocher de ne pas s’être opposée publiquement au financement du système de défense antimissile israélien « Dôme de fer ». (...)
Dans une résolution également adoptée lors de la convention d’août, les DSA se sont engagé·es à « soutenir un candidat viable lors des primaires présidentielles démocrates, tel qu’un élu de renommée nationale, un dirigeant syndical ou une personnalité publique qui s’identifiera principalement aux DSA et en fera la promotion, tout comme celle du socialisme et/ou de la coalition gauche-syndicat plutôt que du Parti démocrate ».
Pour l’heure, aucun nom n’a été avancé. Mais la dynamique semble bien enclenchée (...)