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Libye : l’ONG Médecins sans frontières "sommée" par les autorités de quitter le pays avant le 9 novembre
#Libye #MSF #migrants #exiles #immigration #maltraitances
Article mis en ligne le 30 octobre 2025

Ce mercredi, le ministère des Affaires étrangères libyen a enjoint Médecins sans frontières (MSF) à quitter la Libye avant le 9 novembre, "sans qu’aucune raison n’ait été donnée", selon l’ONG. Conséquence : il n’y a désormais plus aucune association internationale prodiguant des soins aux exilés dans l’ouest du pays.

"Nous regrettons profondément la décision qui nous a été notifiée par le ministère des Affaires étrangères et nous sommes inquiets de ces conséquences sur la santé des personnes que nous assistons", rapporte Steve Purbrick, chef de programmes de MSF en Libye, dans un communiqué publié ce mercredi.

Selon l’ONG, "aucune raison" ne leur a été donnée pour justifier cette expulsion et "la procédure générale reste très floue". "L’enregistrement de MSF auprès des autorités compétentes dans le pays reste toujours valide et nous espérons donc pouvoir trouver une solution positive à cette situation", ajoute Steve Purbrick.
Suspension de l’activité de 10 ONG en Libye en mars dernier

Le 27 mars dernier, MSF avait déjà été contrainte de suspendre ses activités en Libye, après la fermeture de ses locaux par l’Agence de sécurité intérieure libyenne et "l’interrogatoire de plusieurs de ses employés", rappelle-t-elle dans son communiqué. Neuf autres organisations humanitaires présentes dans l’ouest de la Libye - dont l’organisation française Terre des Hommes ou encore l’ONG italienne CESVI - avaient aussi été concernées par cette suspension.

Tripoli les accusait alors de mener des actions "hostiles visant à modifier la composition démographique du pays" en "installant des migrants" d’Afrique subsaharienne sur son territoire. (...)

À l’époque, une lettre de 17 ambassadeurs principalement européens et d’un représentant de l’ONU, adressée au ministre libyen des Affaires étrangères, dénonçait "une campagne de répression contre les ONG internationales et les travailleurs humanitaires", ainsi que la convocation "d’au moins 18 membres du personnel" d’ONG. D’après la lettre, certains employés locaux avaient dû "signer des engagements à ne plus jamais travailler pour une ONG internationale". (...)

Intensification des violences

Les ONG humanitaires dénoncent et documentent régulièrement les conditions de vie des exilés en Libye, les détentions arbitraires et les violences récurrentes. MSF s’alarme donc de "l’obstruction croissante de l’intervention des ONG en Libye" et de l’impact que son absence aura sur la santé des migrants.

Et les organisations internationales ne s’indignent pas que des violences commises sur le territoire libyen, mais aussi en mer. Fin octobre, l’ONG allemande Sea-Watch a recensé pas moins de 60 incidents violents imputés aux gardes-côtes libyens contre des embarcations de migrants et des navires humanitaires en Méditerranée centrale, entre 2016 et septembre 2025. (...)

Fin septembre, une quarantaine d’associations ont donc, une nouvelle fois, exhorté l’Union européenne à mettre fin à son partenariat avec la Libye, qui consiste, depuis 2017, au financement et à la formation des gardes-côtes libyens afin d’intercepter les migrants en mer.

"Huit années de soutien de l’UE (…) ont permis et légitimé ces abus" et ont favorisé une "culture d’impunité pour la violence", signalent les humanitaires. "Ce système laisse aux personnes en quête de protection deux choix : risquer la mort en mer ou la détention arbitraire, la torture et l’extorsion en Libye".