Mebarek, 68 ans, a été mis à la porte de l’hôtel dans lequel il vit depuis 36 ans. Les habitants du quartier, sensibles à son histoire, et en colère contre le rachat de cet hôtel familial par un grand groupe hôtelier, se mobilisent pour empêcher qu’il ne soit mis à la rue.
Dans sa petite chambre de dix mètres carrés de l’hôtel des Trois frères, Mebarek a installé une télévision, un frigo et des armoires pour ses affaires. Quand l’hôtel change de propriétaire, les loyers augmentent de 150€ par mois, mettant en difficulté les locataires longue durée, Mebarek interpelle le gérant et refuse de payer : "Cette augmentation est illégale pour moi. Ils ont commencé à louer au SAMU sociale donc ils essayent de mettre les anciens locataires dehors."
"J’ai trouvé toutes mes affaires sur le palier, c’était choquant."
Pour pousser les locataires au départ, le chauffage est coupé, les sanitaires sont en travaux, il n’en reste que deux pour quarante personnes et l’alarme incendie sonne sans raison deux fois par nuit. Un jour, Mebarek retrouve toutes ses affaires sur le palier, la porte de sa chambre fermée de l’intérieur : une expulsion illégale quelques jours avant la trêve hivernale.
Certaines affaires restent à l’intérieur, comme son insuline, l’homme se retrouve donc à la rue, sans médicament alors qu’il est diabétique.
"Dans un quartier où on se connaît tous, on n’a pas eu à tergiverser."
Lucas habite près de l’hôtel, c’est un lieux de rendez-vous prisé des habitants. Lorsque les gérants annoncent qu’ils vendent, il est un peu surpris : "Après une phase de flottement, un groupe hôtelier a racheté l’immeuble. On a rapidement constaté des dysfonctionnements et que la situation se crispait avec certains locataires."
Le quartier est très soudé, Mebarek est connu car il gère des distributions alimentaires au sein d’un collectif de quartier. Lorsque les habitants apprennent son expulsion, ils se mobilisent : "On était fébrile, on savait que tout se jouait maintenant. À 18h on était trente devant l’hôtel. Dans un quartier où on se connaît tous, on n’a pas eu à tergiverser."
L’enjeu : empêcher cette expulsion, porte ouverte à d’autres éjections illégales de résidents...