
Comme chaque année en mars, Mediapart publie ses principaux indicateurs, s’obligeant à une transparence sans pareille dans la presse. Après une transmission réussie avec ses fondateurs, notre journal consolide son modèle d’indépendance, clef de sa crédibilité auprès de ses lecteurs et lectrices.
« Democracy Dies in Darkness » : la devise officielle du Washington Post, dont le patron a opportunément rejoint les soutiens au nouveau président états-unien, a rarement été aussi en phase avec le temps présent. De la crise politique en France, aux guerres aux portes de l’Europe, en passant par le retour de Trump, allié à Musk, à la tête de la plus grande puissance mondiale : le monde dévisse vertigineusement, entraînant dans la tourmente les régimes démocratiques et les contre-pouvoirs judiciaires et médiatiques qui les composent.
Pourtant, Mediapart résiste plus que jamais : les résultats engrangés en 2024 nous permettent, pour la quatorzième année consécutive, d’être rentable, ce qui conforte notre place d’exception dans le monde de la presse, affaibli par les déficits et les dettes.
Nous enregistrons une hausse de 6 % de nos abonné·es en 2024 par rapport à 2023, pour atteindre 233 000 abonné·es fin décembre, soit le niveau le plus élevé de l’histoire de Mediapart. (...)
Au-delà de nos fidèles soutiens, Mediapart intéresse de plus en plus largement. Avec 11 millions de visites par mois, 26 millions de pages vues par mois et 4,4 millions de visiteurs et visiteuses uniques par mois, l’audience du site et de l’application bat des records : + 25 % en 2024 sur un an.
Portées par l’affaire libyenne, nos premières performances en ce début d’année sont prometteuses : le documentaire Personne n’y comprend rien, cristallisation de ce que Mediapart sait faire de mieux en termes d’investissement journalistique (en temps et en argent) et d’impact, a été vu par plus de 150 000 spectateurs et spectatrices, dans de nombreuses salles de cinéma partout en France, y compris dans une multitude de petites villes.
Nous récoltons les fruits de treize ans d’enquête et de détermination. Grâce à l’offre associée à la sortie du film, coïncidant avec l’ouverture d’un procès hors norme sur ce scandale d’État qui implique un ancien chef d’État français, Nicolas Sarkozy, et un dictateur étranger, Mouammar Kadhafi, nous avons convaincu 12 000 personnes supplémentaires de nous rejoindre, ce qui nous permet de dépasser, aujourd’hui, les 245 000 abonné·es.
Cette solidité est le fruit d’une stratégie assumée de faire de Mediapart un journal populaire, accessible à tous et toutes, qui à la fois dérange et rassemble par la force et la qualité de ses informations (...)
otre lectorat a besoin de clefs pour comprendre et y voir clair. Alors que l’empire de la désinformation ne cesse d’étendre son territoire, le besoin de faits vérifiés, recoupés et documentés se fait de plus en plus pressant, ainsi que la nécessité de trouver du sens et des repères.
C’est enfin notre modèle d’indépendance totale, que l’on doit à la clairvoyance de nos cofondateurs, qui est validé. Journal sans publicité, sans actionnaires milliardaires, sans aides publiques, sans mécènes et sans deals commerciaux avec les Gafam, Mediapart vit exclusivement des abonnements de ses lecteurs et de ses lectrices.
Sans fil à la patte, sans pressions, sans autocensure, l’équipe peut mener à bien sa mission d’intérêt public. (...)
Mediapart entend poursuivre en 2025 sa croissance, en convainquant un public toujours plus vaste de s’abonner. Pour cela, nous misons sur le renforcement de nos forces d’enquêtes sur la politique et l’international, le développement de nos contenus vidéo et audio, la mise en place de nouveaux outils pour mieux travailler nos audiences et l’intensification de nos actions à l’égard des jeunes publics.
Dans le même temps, nous continuons de porter une attention toute particulière aux conditions de travail dans l’entreprise, tant nous sommes soucieux et soucieuses de préserver la cohésion de notre collectif. Sans la ténacité de nos cofondateurs, Edwy Plenel, François Bonnet, Laurent Mauduit et Marie-Hélène Smiejan, et sans la combativité de l’équipe, nous n’en serions pas là. (...)
La création du Fonds pour une presse libre (FPL), en 2019, nous a permis de sanctuariser notre capital : depuis lors et désormais, cette structure à but non lucratif empêche, par l’intermédiaire de la Société pour la protection de l’indépendance de Mediapart (Spim), tout rachat et toute revente de notre entreprise. (...)
Nos informations sont des clefs. Elles permettent, à celles et ceux qui le souhaitent, de s’en saisir, pour dénoncer des injustices, pour modifier leurs pratiques, pour choisir des alternatives. Bref, pour trouver des raisons d’espérer et d’agir.