
Venues à Sainte-Soline, le 25 mars 2023, pour manifester contre les mégabassines, des militantes ne sont jamais reparties. Elles ont emménagé dans les Deux-Sèvres pour panser leurs blessures, et s’engager pleinement pour l’eau
Estelle, Juliette et Aranka ] ne connaissaient pas grand-chose aux mégabassines, ces grands réservoirs d’eau destinés à l’agriculture intensive, avant d’arriver dans les Deux-Sèvres. Venues pour la manifestation de Sainte-Soline en mars 2023 ou pour raisons personnelles, les unes et les autres ont été gagnées par l’énergie de la lutte, mobilisées par l’injustice de la répression et touchées par le contact avec le territoire. Installées depuis, pleinement engagées dans le mouvement antibassines, elles expliquent pourquoi elles ont décidé de rester. (...)
« C’est là qu’on a vu apparaître les quads, c’était le début des scènes de guerre : les tirs, la fumée… énumère-t-elle comme un refrain trop chanté. On regardait le ciel et on avait du mal à distinguer les grenades des oiseaux. Un type a essayé d’en ramasser une tombée devant moi, elle lui a éclaté au visage. Il s’est relevé et a dit “Ça va”, avant de tomber dans les pommes. »
Les cris « Ils bloquent les ambulances ! » lui parvenaient. Chargée, gazée, elle s’est aspergée de Maalox, s’est éloignée en suivant son GPS, a été prise en stop, a entendu parler de « sept blessés », et est rentrée à la ferme. « Puis plus d’émotion, rien, pendant deux semaines. » (...)
« Ici, tout le monde a un lien avec Sainte-Soline. J’ai pu en reparler et ici je n’ai pas à m’excuser de dire que l’irrigation [pour l’agriculture], c’est de la merde. » (...)
dans les rangs de la chorale féministe la Mellitante, pour faire de la lutte un nouveau refrain. « Ça me fait du bien, je trouve qu’on chante juste ensemble. »