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Mer Méditerranée : 175 000 migrants secourus par des ONG allemandes depuis 10 ans
#Mediterranee #Allemagne #migrants #immigration #naufrages #SeaEye #SeaWatch
Article mis en ligne le 22 juin 2025
dernière modification le 20 juin 2025

Plusieurs ONG allemandes en mer, dont Sea-Eye et Sea-Watch, ont indiqué mercredi avoir secouru 175 000 exilés en mer Méditerranée centrale entre 2015 et 2025. Les humanitaires demandent depuis des années à Bruxelles de créer une force européenne de sauvetage dans cette zone maritime extrêmement meurtrière, pour ne plus laisser la responsabilité des secours à la seule société civile.

(...) Un chiffre qui pourrait être encore plus important si l’on ajoute le bilan d’autres ONG, notamment celui de SOS Méditerranée - qui a secouru plus de 42 000 personnes depuis sa création en 2015.

Ces organisations humanitaires (dont Sea-Eye, Sea-Watch, SOS Humanity, ResQ-People…) "sont financées par des dons et soutenues par une large base sociale, mais la pression sur nous augmente", a alerté Mirka Schäfer, porte-parole de l’ONG allemande SOS Humanity.

"[Heureusement] le soutien de la société au sauvetage civil en mer est resté intact", a ajouté Sandra Bils du collectif United4Rescue (qui réunit plusieurs ONG allemandes), citant le soutien constant de villes, de syndicats, de crèches mais aussi d’entreprises. "Et ce malgré tous les obstacles [...]". (...)

Dans le viseur des ONG : le décret italien Piantedosi, notamment. Ce texte a introduit en 2022 une série de mesures qui régissent les activités des navires de sauvetage en Méditerranée. Et en tête de pont, celle qui oblige les ONG à se rendre "sans délai" au port de débarquement assigné par les autorités italiennes juste après un premier sauvetage. Généralement un port très éloigné de la zone de sauvetage, déplorent les humanitaires. Selon un rapport de SOS Méditerranée publié en février 2025, les bateaux d’ONG ont ainsi perdu 735 jours à rejoindre des ports de débarquements et parcouru au total plus de 275 000 km.

Certains navires ont même jeté l’éponge. C’est le cas du Geo Barents de Médecins sans frontières, qui a mis fin à ses activités en Méditerranée centrale en décembre 2024, lassé des restrictions imposées par les autorités italiennes.

Plus de 25 000 morts en 10 ans (...)

Dans cette région maritime se trouvent non seulement des navires humanitaires et les avions des ONG – comme le Sea Bird - mais aussi des patrouilleurs libyens et les drones de Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières. Reste que la zone est immense et la présence de tous ces bâtiments n’est pas une garantie de secours. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent sans avoir été repérés. (...)

C’est pour cette raison que Mirka Schäfer de SOS Humanity demande aux États membres de l’Union européenne (UE) d’agir collectivement pour être plus efficace, "d’enfin prendre leurs responsabilités" et d’organiser un programme de sauvetage commun.
Dénoncer la présence des Libyens en mer

Actuellement, les Vingt-sept "laissent sciemment des milliers de personnes se noyer ou être emmenées dans des camps de torture" en Libye, en ignorant les appels de détresse ou en entravant le travail des équipes de sauvetage civiles, dénonce-t-elle. (...)

L’entrave qu’évoque la porte-parole vise surtout les gardes-côtes libyens, autorisés par Bruxelles à mener des opérations d’interception de migrants en mer Méditerranée, dans les eaux internationales. Depuis un accord signé en 2017, en effet, la coordination des sauvetages en Méditerranée centrale est assumée par Tripoli, et non par le centre de coordination de sauvetage maritime (MRCC) de Rome ou de La Valette, à Malte, comme c’était le cas auparavant. Les migrants secourus dans les eaux internationales sont par conséquent ramenés vers la Libye. (...)

Pourtant, le comportement des gardes-côtes de Tripoli a été maintes fois dénoncées par les ONG pour leur brutalité envers les exilés et leur méconnaissance du droit maritime international. Les Libyens empêchent parfois aussi le déroulement d’un sauvetage en mer en s’opposant aux ONG, en les menaçant, voire en tirant des coups de feu. (...)

En raison de cette violence en mer - et pour protester contre le retour forcé des migrants en Libye – les ONG appellent à mettre fin à cet accord UE-Tripoli.

Deux organisations Refugees in Libya et Front-LEX ont même porté plainte contre Frontex, en 2024, pour que l’agence cesse ses activités en Méditerranée centrale. Les deux associations lui reprochent de communiquer quasi-systématiquement avec les Libyens pour leur fournir les données de géolocalisation des canots en détresse. Aux yeux des plaignants, Frontex se rend donc complice des crimes commis par le pays (débarquements forcés en Libye, détentions arbitraires de migrants, meurtres, tortures, viols...).

Les ONG en mer appellent aussi leur propre pays à agir, en l’occurrence l’Allemagne. Berlin doit "créer des voies migratoires sûres et légales" sans quoi les renvois vers la Libye se poursuivront, a réclamé Giulia Messmer, porte-parole de Sea-Watch.

Concrètement, les humanitaires recommandent à l’UE de s’inspirer de "Mare Nostrum", la grande opération de sauvetage mis en place par la marine italienne entre 2013 et 2014 – lancé après un dramatique naufrage en 2013 qui avait fait 368 noyés. Mare Nostrum n’aura pourtant vécu qu’un an avant d’être remplacé par un dispositif européen moins ambitieux, Triton, arrêté lui aussi en 2018, puis relayé par Themis puis actuellement par Irini.
"Créer des voies légales et sûres" (...)