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Orientation postbac : pourquoi les femmes choisissent moins les sciences que les hommes
#orientatioScolaire
Article mis en ligne le 29 octobre 2025
dernière modification le 21 octobre 2025

Si les filles sont beaucoup moins enclines que les garçons à se diriger vers des filières scientifiques, c’est bien entendu lié pour une part à la persistance des stéréotypes de genre. Mais d’autres facteurs entrent en compte lors des processus d’orientation scolaire. Explications à partir d’une enquête de la Chaire pour l’emploi et l’entrepreneuriat des femmes (Sciences Po).

Les différences d’orientation entre les femmes et les hommes restent très marquées à l’entrée de l’enseignement supérieur. C’est ce qui ressort des choix formulés par les élèves de terminale sur Parcoursup, la plateforme d’accès aux filières postbac, comme on peut le voir dans le graphique ci-dessous, obtenu grâce aux données mises à disposition sur Datagouv. Il représente le nombre de candidatures pour les formations les plus demandées (plus de 4 000 candidatures). (...)

Les hommes représentent environ 70 % des candidatures aux formations en sciences et technologies, y compris en sciences et technologies des activités physiques et sportives, ou Staps (en orange).

Les principales exceptions concernent des formations en sciences de la vie et de la Terre, pour lesquelles les candidatures par des femmes sont plus nombreuses. Les formations en sciences économiques, en gestion et en commerce (en bleu) sont plutôt mixtes. Enfin, les formations en santé, en sciences humaines et sociales, en lettres, en langues et en arts (en violet) sont majoritairement privilégiées par les femmes, qui constituent autour de 75 % des candidatures. (...)

La passion pour un domaine d’études, un facteur déterminant (...)

la Chaire pour l’emploi et l’entrepreneuriat des femmes de Sciences Po a mené, en février 2025, une enquête en partenariat avec Ipsos auprès d’un échantillon représentatif de la population étudiante en France, comprenant au total 1 500 réponses. Les résultats de cette enquête ont été publiés par l’Observatoire du bien-être du Centre pour la recherche économique et ses applications (Cepremap).

L’un des résultats marquants de l’enquête concerne les différences femmes-hommes dans l’importance accordée à la passion comme facteur déterminant des choix d’études supérieures.

Les étudiantes sont significativement plus nombreuses à choisir des filières en lien avec leurs passions, et elles semblent faire ce choix en ayant pleinement conscience qu’il risque de les pénaliser plus tard sur le marché du travail. (...)

Des parents plus ou moins prescripteurs

Par ailleurs, les résultats de l’enquête mettent en évidence le fait que les parents sont plus prescripteurs pour les garçons que pour les filles, concernant les choix d’études de leurs enfants. En effet, les étudiantes ont davantage le soutien de leurs parents, quel que soit le domaine d’études de leur choix, alors que les étudiants reçoivent moins souvent l’approbation de leurs parents, en particulier pour les domaines d’études qui mènent vers des carrières moins rémunératrices sur le marché du travail (par exemple, en sciences humaines et sociales ou en lettres et arts) ou qui se sont féminisés (par exemple, le droit ou la santé).

Les résultats montrent aussi que les goûts développés pour les différentes matières dans le secondaire permettent d’expliquer plus de la moitié des différences femmes-hommes dans les choix d’études supérieures. (...)

Filières pluridisciplinaires et « roles models »

Si l’économie française a besoin de davantage de femmes diplômées en sciences et technologies, comment faire alors pour les attirer vers ces domaines d’études ? Le défi principal réside dans le fait de transmettre la passion des sciences et technologies aux femmes.

Cela peut passer par les « role models », avec des personnalités qui viennent communiquer leur enthousiasme pour leur discipline avant que les élèves ne fassent des choix cruciaux, notamment en termes d’options choisies au lycée. Cela peut aussi passer par le développement de filières pluridisciplinaires qui associent sciences, sciences sociales et humanités, de manière à offrir aux jeunes femmes (et aux jeunes hommes) aux intérêts variés la possibilité de poursuivre des études scientifiques sans renoncer à d’autres domaines.

Enfin, les formations scientifiques peuvent adapter leur offre pédagogique afin de rendre les enseignements plus attractifs auprès des étudiantes. En mettant en avant comment les sciences et technologies peuvent contribuer au bien commun et aux défis de nos sociétés contemporaines, une reformulation des intitulés de cours peut par exemple faire ressortir des enjeux leur tiennent à cœur.