Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Le Café Pédagogique
Patrick Rayou : « L’autonomie n’est pas interne au sujet, mais parle de son rapport du sujet au monde. »
#enseignement #education #autonomie
Article mis en ligne le 9 novembre 2025
dernière modification le 5 novembre 2025

« C’est parce qu’on se pose la question du « pourquoi » et du « comment » qu’on devient autonomes, enseignants comme élèves » affirme Patrick Rayou, sociologue, chercheur en sciences de l’éducation. Dans une salle comble et attentive de personnels du Premier degré, il a tenu une conférence sur l’autonomie des élèves dans le cadre des Universités d’Automne du SNuipp-FSU. Patrick Picard en rend compte pour le Café pédagogique.

L’autonomie : un malentendu ?

Etudiant la question de l’autonomie dans un collège de la ville de Grigny, un des territoires les plus pauvres de France, dans le cadre d’un LEA (avec l’IFE), Patrick Rayou constate, outre le turnover important des enseignants et des élèves, que la définition de l’autonomie donnée par les élèves n’est pas une terre inconnue, mais qu’elle reste fausse de la 6e à la 3e, sans transformations notables : « l’autonomie, c’est quand on est calme », « quand on sait faire ses devoirs tout seul sans personne ».

Le chercheur s’étonne de ce « copier-coller » que les élèves font entre la vie et l’école : être autonome, pour eux, c’est savoir vivre sans rien demander à personne. A l’inverse de la conception selon laquelle ils pourraient solliciter les ressources du monde, y compris celles de l’enseignant. Il s’agit de ne pas se faire remarquer, de passer inaperçu. Ces enfants n’accèdent pas à la conception savante de l’autonomie intellectuelle : « être autonome, c’est savoir de quoi j’ai besoin et à qui le demander pour puiser dans les trésors de l’humanité ». Le moment des devoirs est une situation où cette question se pose d’une manière très vive.

L’aide aux devoirs : un exemple emblématique (...)

On a longtemps pensé qu’il fallait « compenser » les inégalités pour ceux qui étaient « privés de Culture ». Jérôme Bruner, psychologue américain du milieu du XXe siècle, critique déjà la conception de la classe moyenne américaine, selon laquelle il « manquerait » quelque chose aux enfants de milieu populaire. L’idée d’éduquer les mères à devenir de meilleures mère l’embarrasse : la culture scolaire n’est-elle que la reproduction des manières de faire de la classe moyenne, sous prétexte que le passage de la socialisation « primaire » (celle du milieu familial) à la socialisation « secondaire » (celle de l’école) s’y fait de manière plus fluide ?

Bruner pense au contraire qu’il faut penser « l’étayage » de l’activité de l’enfant dans le cadre scolaire, pour que l’enfant s’approprie les savoirs culturels. Pour lui, quelques règles peuvent être dégagées (...)