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Plus de 120 millions de personnes dans le monde victimes de déplacements forcés, un niveau alarmant
#ONU #refugies #deplacementsforces
Article mis en ligne le 14 juin 2025
dernière modification le 13 juin 2025

Selon le dernier rapport du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations Unies, publié ce jeudi, plus de 120 millions de personnes dans le monde ont été contraintes de fuir leur foyer à cause des conflits et des violences. Ces déplacements forcés, qui se font majoritairement à l’intérieur des pays d’origine ou dans les régions environnantes, sont en hausse constante depuis dix ans. Ils ont atteint le niveau le plus élevé depuis une décennie.

Selon le rapport annuel "Tendances mondiales" publié jeudi 12 juin par le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR),123,2 millions de personnes se trouvaient en situation de déplacement forcé à la fin de 2024. Des situations qui surviennent en raison de persécutions, conflits, violences, violations des droits humains et autres évènements qui causent de graves troubles à l’ordre public.

Un chiffre qui constitue un record alarmant : c’est le niveau le plus haut atteint depuis une décennie et la conséquence d’une augmentation continue depuis 2015 du nombre de personnes contraintes de fuir leur foyer.

Depuis dix ans, les déplacements de population ont presque doublé. L’année dernière à la même période,120 millions de personnes avaient été déplacées de force, soit une augmentation de 6% entre fin 2023 et fin 2024.

Désormais, cela concerne une personne sur 67 dans le monde. (...)

Cependant, le nombre total de déplacements forcés dans le monde a légèrement diminué pour atteindre 122,1 millions à la fin du mois d’avril 2025.

Les déplacements internes et régionaux sont majoritaires

La persistance des conflits et l’incapacité à y mettre un terme sont les premières causes des déplacements de population.

Mais contrairement aux idées largement reçues en Occident, le rapport révèle que ces déplacements contraints ont majoritairement lieu au sein même des pays d’origine puisque 60 % des personnes contraintes de fuir ne quittent jamais leur propre pays, elles se déplacent dans leur propre pays. Le nombre de ces déplacés a augmenté de 6,3 millions pour atteindre 73,5 millions à la fin de l’année 2024.

Le Soudan est désormais le pays qui compte le plus grand nombre de personnes déplacées de force avec 14,3 millions de réfugiés et de personnes déplacées à l’intérieur du pays à la fin 2024. Cela représente 3,5 millions de personnes de plus que 12 mois auparavant, soit près d’un tiers de la population nationale.

Suivent la Syrie (13,5 millions), l’Afghanistan (10,3 millions) et l’Ukraine (8,8 millions). Ces quatre pays concentrent plus d’un tiers des personnes déplacées de force dans le monde. La guerre en cours à Gaza a eu aussi un impact dévastateur sur les civils. D’autre part, une vague de déplacements s’est produite au Liban entre septembre et novembre.

Autre réalité : 67% des personnes déplacées trouvent également refuge dans les pays voisins, soit 42.7 millions de personnes. Les pays à faibles revenus ou intermédiaires accueillent 73 % des réfugiés dans le monde. Les déplacements ont ainsi augmenté au Moyen-Orient et en Afrique du Nord notamment.

"Lueurs d’espoir"

Note positive soulignée par le rapport, les retours de personnes déplacées ont repris indique le HCR. "Nous avons vu quelques lueurs d’espoir au cours des six derniers mois", rapporte Filippo Grandi, haut commissaire aux Nations Unies. (...)

Parmi les pays concernés par ces retours, la Syrie. (...)

Une bonne nouvelle à relativiser cependant car bon nombre des retours ont eu lieu dans un contexte politique ou sécuritaire défavorable.

Plus de 360 000 Afghans sont retournés chez eux en 2024, notamment parce qu’ils sont visés par de sévères politiques d’expulsion dans les principaux pays d’accueil que sont l’Iran et le Pakistan. (...)

Pire, "l’ampleur des retours a exacerbé la crise humanitaire en cours en Afghanistan, ce qui met à rude épreuve les ressources rares et entrave une réintégration digne et durable des réfugiés de retour" poursuit le rapport. (...)

Certains pays sont également confrontés simultanément aux retours ainsi qu’a de nouveaux déplacements forcés de population. C’est le cas en République démocratique du Congo, en Birmanie et au Soudan du Sud.

Financements insuffisants pour l’aide humanitaire

Alors que le nombre de personnes déplacées de force a presque doublé au cours de la dernière décennie, les financements du HCR restent quasi similaires à ceux reçus en 2015 soit un budget de 3,5 milliards d’euros. Dans un contexte de coupes budgétaires "brutales" et "dévastatrices" [à cause de la politique américaine et européenne] dans l’aide humanitaire, la situation devient "intenable" et inquiète quant aux perspectives futures. Les vulnérabilités des réfugiés et autres personnes forcées de fuir leur foyer se retrouvent alors exacerbées. (...)

"Nous vivons une période d’intense instabilité dans les relations internationales, où les guerres modernes créent un paysage fragile et déchirant, marqué par d’atroces souffrances humaines. Nous devons redoubler d’efforts pour rechercher la paix et trouver des solutions durables pour les réfugiés et les autres personnes contraintes de fuir leur foyer", a déclaré Filippo Grandi.

Le rapport appelle à la poursuite du financement des programmes du HCR qui permettent de sauver des vies, d’aider les réfugiés et les personnes déplacées à rentrer chez eux et de renforcer les infrastructures de base et les services sociaux dans les communautés d’accueil, en tant qu’investissement essentiel pour la sécurité régionale et mondiale.