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Mediapart
Polluants éternels : l’Anses prône davantage de surveillance
#polluantsEternels #PFAS #ANSES
Article mis en ligne le 28 octobre 2025
dernière modification le 24 octobre 2025

L’Agence nationale de sécurité sanitaire publie le 22 octobre une expertise sur la contamination aux PFAS ainsi que des recommandations pour mieux surveiller ces molécules toxiques. Des préconisations précises, en amont d’une nouvelle réglementation européenne annoncée pour 2026.

Vingt-deux substances dans la plupart des produits alimentaires et jusqu’à vingt-cinq dans les eaux de surface à surveiller de façon « pérenne ». Encore d’autres à surveiller de façon « exploratoire » : telles sont les conclusions à retenir de l’expertise de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) publiée le 22 octobre au sujet des PFAS, les substances per- et polyfluoroalkylées, plus communément appelées « polluants éternels ».

Une perspective qui va au-delà de la réglementation européenne, qui n’impose pour l’heure le suivi que de vingt PFAS dans l’eau potable. Les autres milieux, eux, ne sont soumis à aucune obligation de surveillance.

Depuis la loi votée en mai 2024, la France est apparue plutôt en pointe sur le sujet : elle a rendu obligatoire la surveillance de ces substances toxiques dans l’eau potable, et plusieurs analyses ont conduit depuis quelques mois à des arrêtés préfectoraux interdisant à la consommation l’eau du robinet dans différentes communes de l’est de la France. Dernière en date ? Le 20 octobre, c’est dans les Vosges qu’une interdiction a été prononcée, sur une partie de la commune de Tendon.VingtVingt-deux substances dans la plupart des produits alimentaires et jusqu’à vingt-cinq dans les eaux de surface à surveiller de façon « pérenne ». Encore d’autres à surveiller de façon « exploratoire » : telles sont les conclusions à retenir de l’expertise de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) publiée le 22 octobre au sujet des PFAS, les substances per- et polyfluoroalkylées, plus communément appelées « polluants éternels ».

Une perspective qui va au-delà de la réglementation européenne, qui n’impose pour l’heure le suivi que de vingt PFAS dans l’eau potable. Les autres milieux, eux, ne sont soumis à aucune obligation de surveillance.

Depuis la loi votée en mai 2024, la France est apparue plutôt en pointe sur le sujet : elle a rendu obligatoire la surveillance de ces substances toxiques dans l’eau potable, et plusieurs analyses ont conduit depuis quelques mois à des arrêtés préfectoraux interdisant à la consommation l’eau du robinet dans différentes communes de l’est de la France. Dernière en date ? Le 20 octobre, c’est dans les Vosges qu’une interdiction a été prononcée, sur une partie de la commune de Tendon.

Mais ce n’est peut-être que la partie émergée de l’iceberg. C’est en tout cas ce que donne à voir, entre les lignes, ce vaste travail de l’Anses – deux rapports totalisant près de 700 pages, sans les annexes – qui rassemble l’ensemble de la littérature scientifique et des données toxicologiques publiées jusqu’à ce jour sur la présence des PFAS dans notre environnement.

Au total, près de 2 millions de données, publiques et privées, ont été collectées. Un travail inédit en France. (...)

Dans tous les milieux

Il y a par ailleurs de gros trous dans la raquette. Pour ce qui concerne la contamination de l’air, du sol et des poussières, ainsi que l’exposition professionnelle, les données sont quasi inexistantes en France, et l’Anses a dû élargir sa compilation à l’international. L’expertise étant en outre principalement orientée vers la santé humaine, l’imprégnation des végétaux et animaux non alimentaires n’a pas été prise en compte. L’Anses relève enfin l’« absence de données spécifiques » sur les usines de potabilisation de l’eau.

Cette nouvelle production de l’agence sanitaire n’apporte rien de nouveau sur la toxicité des PFAS et la tendance à leur accumulation dans l’environnement. Mais elle catégorise les milieux dans lesquels les substances peuvent être trouvées : eau potable, eau de surface, eaux souterraines, alimentation infantile, viandes, poissons, certains produits industriels, etc. Au total, trente-trois « compartiments » sont ainsi établis. (...)

Et c’est ce travail d’agrégation qui permet à l’Anses de formuler des recommandations précises à l’attention des pouvoirs publics, des opérateurs de distribution d’eau, des sites de production chimique… mais aussi des employeurs. L’objectif est d’« orienter les mesures de demain ». (...)

C’est, de très loin, au sujet des eaux souterraines que les données de contamination aux PFAS sont les plus fournies, lit-on dans le rapport de l’Anses : « Les eaux souterraines présentent une contamination plus élevée, probablement en raison des transferts et de la mobilité des PFAS à partir des sols contaminés. »

Les données de contamination sont également très nombreuses pour les eaux de surface, mais aussi pour les viandes et les poissons. (...)

Et c’est dans les poissons, les produits de la mer, les œufs et les produits à base d’œufs que l’on trouve les taux de concentration de molécules PFAS les plus élevés. (...)

Dans son rapport, l’Anses ne remonte pas, en revanche, aux sources de contamination. Les dernières interdictions de consommation d’eau potable semblent pourtant directement liées à des épandages d’engrais dans des champs environnants. (...)

À supposer que les recommandations de l’Anses soient suivies d’effets, il reste donc à investiguer les origines des contaminations, au-delà du champ industriel où le recours aux PFAS est déjà connu. Leur pouvoir antiadhésif, leur imperméabilité, leur résistance à la chaleur et leur indestructibilité ont conduit à une vaste utilisation de ces substances dans les produits du quotidien : vêtements, poêles, cosmétiques, lubrifiants, cordes de guitare, mousses anti-incendie… C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles l’industrie de la chimie est à la manœuvre pour réduire la portée de la nouvelle réglementation européenne attendue pour 2026.